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Nouvelles pratiques
Conduire une vigne non taillée

Par Nathalie Petit Le 11 décembre 2006
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Conduire une vigne non taillée
N
on taillée, une vigne se révèle viable et productive, permettant de fournir des vins de qualité pour des entrées ou cÅ“urs de gamme. Le gain économique est colossal : une réduction de 30% en moyenne de coûts de production.

La taille minimale est une technique qui peut venir au secours d’une filière particulièrement secouée par la crise. « Une vigne peut être conduite en taille minimale avec seulement 50 heures/ha et par an de main d’oeuvre », présente Alain Carbonneau, directeur de l’Institut des Hautes Etudes de la Vigne et du Vin (Ihev) et chercheur à l’Inra de Pech Rouge (34). Le principe de la taille minimale consiste à former un cordon laissé totalement libre de se développer : ni ébourgeonnage, ni taille des sarments, ni prétaille. Les nombreux essais réalisés ces trente dernières années montrent qu’une vigne ainsi conduite est productive, viable et durable. Et les vins qui en sont issus peuvent tout à fait correspondre à la demande actuelle des acheteurs. C’est ce qui a été conclu des analyses sensorielles menées en complément des recherches de l’Inra par l’Icv (Institut coopératif du vin).

Des producteurs demandeurs de solutions techniques à très bas coûts 

C’est dans les années 1980 que Alain Carbonneau découvre en Australie des essais de vigne non taillées et de vigne taillées en haie, au contact du chercheur Peter May de l’institut Csiro. Le concept de taille minimale a ensuite été repris et développé par Peter Clingleffer. De retour à l’Inra de Bordeaux, le chercheur français met en place des essais dont les résultats s’apparentent à un échec. Un bilan peu encourageant est établi en 1990. Mais lorsqu’il intègre l’Inra de Montpellier, Alain Carbonneau relance une série d’essais dont un sur le cépage Merlot conduit en taille minimale qui se révèlent fort intéressants. Ses résultats sont présentés en juin 2000 au congrès de l’Oiv à Paris mais restent sans suite. Ils n’intéressent pas. Le caractère plus aigüe de la crise viticole actuelle redonne à ses résultats un intérêt particulier. « Il y a deux ans, nous avons constaté avec l’amplification de la crise viticole que certains producteurs étaient demandeurs de solutions techniques à très bas coûts : la taille minimale est un outil qui peut rendre service. »


Comparaison des temps de travaux sur cordon de Royat et en taille minimale (© Source «La taille minimale, une voie pour la maîtrise des coûts de production ? », Jacques Rousseau, département Vignes et Vins, Institut Coopératif du Vin, Perspectives, Juin 2006.)


« Pratiquement tous les pays font des essais aujourd’hui sur cette technique », poursuit le professeur. La commercialisation de vins issus de vignes non taillées existe déjà en Australie, en Italie du Nord et concernent certaines filières en Catalogne. « En France, les résultats obtenus sur le cépage Merlot montrent qu’on arrive à produire les rendements habituels à des maturités satisfaisantes (13°) et des vins tout à fait acceptables à la dégustation. Nous avons progressé depuis trois ans dans la connaissance des vins, dans l’analyse sensorielle (le caractère aromatique, le fruité,..). Nous avons également diversifié les essais sur d’autres cépages et d’autres terroirs. Le Merlot et la Syrah donnent des résultats tout à fait encourageants. Une réponse positive se dégage avec le Chardonnay, le Cabernet Sauvignon, le Riesling, un peu moins dans le cas du Sauvignon et le Grenache laisse pour l’instant plus interrogatif», développe le professeur.

Des conditions d'emploi pariculières

Sur un plan purement technique, les vignes conduites en taille minimale s’inscrivent dans un certain nombre de conditions d’emploi particulières. « La taille minimale s’adapte naturellement à une vigne de vigueur moyenne. Et nous disposons de 15 à 20 ans de recul d’expérience pour savoir que cela fonctionne. Sur une vigne vigoureuse, l’adoption de la taille minimale restera possible, en combinaison avec un enherbement judicieusement choisi pour fournir la concurrence adaptée. Si au contraire la vigne est peu vigoureuse, il est déconseillé d’appliquer une taille minimale qui va l’épuiser, sauf à mettre en place une irrigation en goutte à goutte de complément. »
La conduite en taille minimale impose également des contraintes quant à la hauteur du cordon. «  La méthode australienne que nous avons appliquée dans nos essais est basée sur un cordon positionné entre 1,50 et 1,60m de hauteur ». L’objectif est de permettre un port retombant de la vigne sans que les sarments ne retombent au sol. Or, la plupart des vignes en place aujourd’hui dans nos régions ont un fil porteur assez bas par rapport au sol. « Nous n’avons pas encore totalement étudié cette question. Toutefois, il semble possible de pouvoir adopter une taille minimale avec une hauteur de 90cm ou 1m sous certaines conditions qui impliquent la technique du rognage latéral. Il faut en effet éviter que les rameaux ne touchent le sol trop vite. Le rognage latéral consiste à passer dès la croissance et juste avant la floraison (au mois de mai),  une barre de coupe uniquement sur les côtés. On coupe ainsi les rameaux qui ont tendance à tomber et nous avons constaté que cette pratique permettait d’ériger la vigne. Les rameaux qui poussaient droit se renforcent et ceux qui ont été coupé finissent plutôt par s’ériger vers le haut. »
Cette vigne est simple mais lourde, et cela conduit à une autre précaution indispensable. Ainsi, Alain Carbonneau précise la nécessité d’un palissage très solide, pouvant supporter une lourde masse. Le fil porteur doit être spécifiquement renforcé.
« La méthode de la taille minimale est certes particulièrement adaptée au climat de type méditerranéen », souligne Alain Carbonneau, dans un contexte sans trop de risques phytosanitaires pourriture ou mildiou. « Mais son application n’est pas aussi restrictive que cela», ajoute-t-il. « En fonction des terroirs et en fonction des cépages, on peut donner des conseils de taille minimale, dans certains secteurs du sud ouest ou même en Allemagne avec le Riesling. »

Une couleur de vin plus intense, plus vive

Pour ce qui est du type de vin élaboré, les références les plus importantes ont été acquises pour le cépage Merlot. Par rapport à une conduite en cordon de Royat, « les vins ne sont pas différents de goûts », présente le professeur Carbonneau. « Mais des changements sont observés par le passage à la taille minimale. La couleur est plus intense, plus vive, dans les tons rouges violacés. Le vin est globalement un peu plus concentré, donnant l’impression d’une plus grande densité. L’arôme n’est certes pas très complexe mais son côté fruité est très marqué, ce qui correspond aujourd’hui à ce qu’une partie des acheteurs recherchent. »
Les économies financières sur la main d’Å“uvre vont dépendre de la référence du vignoble et du soin apporté à la vigne en rythme de croisière. « Pour une exploitation standard du Languedoc, on doit pouvoir économiser 30% des coûts de main d’Å“uvre mais cela peut aller jusqu’à 50% si la vigne au départ dans le système est plus soignée dans sa conduite. »


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