Il y a moins de dix ans, le piquet qu’on trouvait chez les producteurs faisait 2 mètres de haut, (© Viti-net)
«Il y a moins de dix ans, le piquet qu’on trouvait chez les producteurs faisait 2 mètres de haut, aujourd’hui il fait 2m20 et tout le monde s’est approprié cette hauteur », témoigne Daniel Brissot, responsable du vignoble de la cave de Tain et du conseil technique aux adhérents. « Ce sont les expérimentations menées sur les parcelles de la cave par l’association Syrah recherche et développement qui ont permis de préciser et de faire appliquer ces hauteurs. Dès 1991, nous avons mené des expériences sur nos parcelles pour essayer de définir les meilleures conditions d’implantation de la vigne dans un terroir en Crozes Hermitage. Très concrètement au niveau de nos adhérents, on se contente de mesurer la hauteur pour avoir un palissage capable de sortir un hauteur de feuillage entre 1m20 et 1m40. Notre objectif est d’être capable de soutenir une surface foliaire éclairée pour que la vigne mûrisse bien quelle que soit l’année. Et si le raisin peut être mûr de manière un petit peu plus précoce, vers la mi septembre, le viticulteur prend moins de risques sanitaires et on a plus de chances de bien passer », explique le responsable. « Parallèlement à l’élévation des surfaces foliaires, nous avons beaucoup développé l’effeuillage qui est pratiqué à 100% les années qui le nécessitent», poursuit Daniel Brissot. « Ce qui se traduit par la suppression de la végétation sur un rang au niveau des grappes. Le raisin se trouve alors dans un milieu qui sèche tout de suite après une pluie, moins propice au développement des maladies. Cela fonctionne très bien pour la pourriture. De plus, le raisin est en prise directe avec le pulvérisateur, ce qui autorise une meilleure efficacité de traitement. »
« Depuis trois ans maintenant, nous avons mis en place un cahier du vigneron. Chaque adhérent doit enregistrer toutes les interventions qu’il réalise sur ses vignes, des travaux en vert aux interventions phytosanitaires, puis il nous est retourné, ce qui nous permet de suivre les itinéraires techniques et rend possible une démarche de traçabilité. »
La deuxième étape a été justement la mise en place de la traçabilité au niveau des apports. « A partir d’une bouteille aujourd’hui nous revenons aux parcelles qui ont produit ce raisin-là. Et dans les mois prochains, nous allons nous doter d’un outil supplémentaire : la cartographie de nos vignobles. Nous sommes partis du cadastre numérisé et grâce au croisement avec le fichier de nos adhérents, la cartographie va nous colorer toutes les parcelles de nos adhérents, en étant connecté au système informatique de la cave. Nous allons pouvoir isoler tous les éléments collectés (visites terrains, apports des raisins,…). Nous allons pouvoir visualiser toutes les parcelles qui ont sorti un joli degré, année après année. »
« Tous les lundis, nous passons dans un réseau de parcelles qui couvre l’ensemble de nos appellations. Et tous les mardis, nous rédigeons un bulletin technique à l’attention de nos adhérents, donnant des orientations sur les interventions phytosanitaires ou les travaux sur la vigne. Nous avons fait le choix de prôner l’agriculture raisonnée et pour cela nous avons défini des outils pour vérifier les niveaux d’infestation et ne traiter que lorsque c’est véritablement nécessaire », explique Daniel Brissot.
Il reste toujours des leviers de progression que les techniciens de la cave s’attachent à développer conjointement avec les viticulteurs. « Ces dernières années, nous avons bien travaillé sur la maîtrise des rendements mais on peut toujours progresser. Il reste encore aussi des vignes avec des surfaces foliaires un peu faibles. Enfin, peut s’améliorer sur le raisonnement phytosanitaire et l’entretien des sols. »
S’il est vrai que le suivi des itinéraires tend à suivre des contraintes précises, Daniel Brissot souligne toujours la nécessité de maintenir une certaine ouverture d’esprit au niveau précisément des itinéraires techniques et d’encourager les vignerons qui ont des heureuses initiatives. Cette intégration de la qualité à tous les échelons de la fabrication a permis à la cave de Tain d’obtenir des gains considérables dans la qualité de ses vins. ! arLe paiement est effectué à la qualité sur le cœur de gamme des Aoc.
« La récolte est notée sur une échelle de A, B, C ou D en fonction de l’état sanitaire (présence ou non de botrytis), de l’éventuelle présence de débris végétaux ou baies pour les parcelles autorisées à la mécanisation et sur le degré potentiel de la vendange (par rapport au degré moyen de l’appellation). Ainsi, le viticulteur peut gagner 50% du prix prévu par rapport à celui qui apporte un raisin de qualité A », précise Benoît Muller, responsable du caveau. Aujourd’hui, la maîtrise d’une conduite de la vigne favorable à la qualité de la vendange est en passe d’être intégrée aujourd’hui dans la rémunération au viticulteur. « Nous souhaitons encourager ceux de nos adhérents qui vont de l’avant et qui respectent les conseils inhérents à leur Aoc. »
Lire aussi (cliquez sur le titre pour activer le lien)
Réussite d’une démarche coopérative viticole - La cave de Tain citée en exemple