Remplacer du vin de mauvaise qualité ou dégradé stocké en cave par un volume équivalent de vin "neuf" produit au-delà du plafond limite de classement : le principe du volume substituable individuel (VSI) est simple et est bien connu de plusieurs appellations qui l’utilisent depuis plusieurs années à titre expérimental comme Chinon, la plupart des AOC bordelaises ou de Bourgogne et l’ensemble des AOC du Beaujolais. "Le VSI suppose la distillation équivalente de vin en stock de l'année précédente, de moindre qualité que le supplément autorisé pour l'année considérée, dans la limite d'un plafond déterminé qui peut être le butoir ou un rendement supérieur au rendement de base défini pour l'année concernée", explique-t-on à l’Inao. L’Institut a officialisé le système par un décret paru le 28 octobre 2005, qui permet désormais de décider par arrêté de campagne son utilisation par telle ou telle appellation.
La liste des AOC pour lesquelles un volume substituable individuel est mis en place est fixée par l’Inao après avis des syndicats concernés. Tout producteur peut revendiquer le droit à l’AOC pour un VSI excédant le plafond limite de classement, sous réserve que les conditions de production de la totalité des vins produits par l’exploitation aient été vérifiées, que les vins revendiqués au titre du VSI aient passé avec succès les examens analytique et organoleptique, et qu’un volume de vin équivalent de la même appellation et de la même couleur de millésimes antérieurs, produit sur la même exploitation, soit détruit par distillation avant le 31 juillet suivant la récolte en cause.
Le VSI est un système différent du volume compensatoire individuel (VCI), dont le sigle et le principe sont au premier abord très similaires. "Le VCI vise en principe les régions à risque climatique (gel de printemps notamment). Il ne suppose pas nécessairement de distillation puisque l'on se prémunit contre un risque éventuel de déficit de récolte. Le vin commercialisé de l'année précédente le sera sous son millésime", précise l’Inao. Ce système reste dérogatoire : à ce jour, seul le vignoble de Chablis a été autorisé en juin dernier à l’expérimenter pendant cinq ans, jusqu’à la fin de campagne 2009-2010. Un volume complémentaire individuel peut être constitué dans la limite de 10 hl/ha. Au fil des années, le volume de la réserve ne devra pas dépasser 30 hl. Chaque année, la réserve est remplacée par un volume de vin de la dernière récolte, si celle-ci le permet.
Régulariser les rendements et les volumes
Le VCI peut être libéré par le producteur en cas d’insuffisance de la récolte en qualité ou en quantité, à condition que le VCI libéré, ajouté à la production des parcelles de l’exploitation, n’excède pas le rendement de base. Les vins libérés sont soumis à l’agrément.
Le VCI permet au producteur de se constituer une réserve lors d’années excédentaires, utilisable en cas de mauvaise année. "Si le système avait été mis en place plus tôt, cela nous aurait évité nos problèmes actuels dus à la petite récolte 2003. Nous n’avons pas de volumes à proposer face à la demande du marché, explique Jean Durup, président de la Fédération des vignerons de Chablis. Le VCI permet de tranquilliser le vigneron et l’incite à ne pas faire de gros rendements. C’est une réserve de sécurité, qu’il faut certes avoir les moyens de stocker, mais qui contribue à l’amélioration de la qualité. En outre il permet une régulation des rendements et des volumes mis sur le marché". Un procédé propre à enclencher un cercle vertueux donc, et qui intéresserait la Champagne.
Le Syndicat général des vignerons champenois a déposé une demande de mise en réserve individuelle. "Ce volume serait en quelque sorte une assurance de carrière, et pourrait être mis sur le marché, en cas de coup dur ou de forte demande, de façon collective ou individuelle, explique Patrick Le Brun, président du SGV. Je vais suivre attentivement l’expérience autorisée à Chablis et je leur souhaite de réussir. En Champagne, nous pratiquons couramment la mise en réserve sur décision interprofessionnelle. Mais le fonctionnement est complexe au niveau du stockage et du suivi et encore nous nous n’avons pas de problème de millésime pour les assemblages."