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Les produits de biocontrôle ont le vent en poupe
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Protection du vignoble
Les produits de biocontrôle ont le vent en poupe

Par Juliette Cassagnes Le 26 mai 2014
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Les produits de biocontrôle ont le vent en poupe
A
vec la volonté politique de réduction de l'utilisation des produits phytosanitaires, à travers le plan Ecophyto 2018, les produits de biocontrôle sont en plein développement. De plus en plus de sociétés mettent sur le marché des solutions de ce type. Mais que cache plus précisément ce terme ? Comment fonctionnent-ils ? Quels sont ceux actuellement disponibles sur le marché ? Eléments de réponse.

« Le biocontrôle regroupe des moyens de protection de plantes et des cultures qui privilégient la mise en œuvre de mécanismes biologiques régissant les interactions entre les végétaux et les organismes vivants dans l’environnement naturel », expliquait Louis Damoiseau, de l’Académie du biocontrôle, l’an dernier, lors d’un colloque sur le sujet. En d’autres termes, au lieu d’éradiquer telle ou telle population d’agresseurs ou de pathogènes, les produits dits de biocontrôle vont chercher à établir et gérer des équilibres qui permettent à la plante de se développer de façon optimale.

La laminarine par exemple, une algue marine, est composée d’une chaine de glucose, une structure donc similaire aux oligosaccharides synthétisés par des champignons pathogènes. Appliquée en préventif – c'est-à-dire quelques jours avant l’agression – cette algue va donc « réveiller » les mécanismes de défense de la plante, qui croit reconnaître une attaque par un pathogène. En plus des champignons, la laminarine a aussi en théorie le pouvoir d’accroître la protection de la plante contre des bactéries et des virus, en stimulant ses réactions de défense. La société Goëmar commercialise cette algue sous le nom de « vacciplant ». Elle est homologuée contre l’oïdium du fraisier, le feu bactérien pour les fruits, la tavelure du pommier ou encore la septoriose et l’oïdium du blé et de l’orge. Les chercheurs étudient aussi son efficacité contre l’oïdium de la vigne.

La plante peut mettre en œuvre deux stratégies de défense possibles lorsqu’elle subit une agression : soit en renforçant ses parois cellulaires en produisant de la lignine, soit en contre-attaquant : en produisant des protéines de défense qui vont attaquer les parois cellulaires des champignons.La plante peut mettre en œuvre deux stratégies de défense possibles lorsqu’elle subit une agression : soit en renforçant ses parois cellulaires en produisant de la lignine, soit en contre-attaquant : en produisant des protéines de défense qui vont attaquer les parois cellulaires des champignons. (©Cnrs)

Ici, la plante produit des protéines de défense qui vont attaquer les parois cellulaires de l'agresseurIci, la plante produit des protéines de défense qui vont attaquer les parois cellulaires de l'agresseur (©Cnrs)C’est sur ce même principe d’induction d’une résistance chez la plante que fonctionne le sucre : « Les signaux donnés par les sucres induisent des mécanismes qui protègent partiellement la plante avant l’attaque mais aussi pendant et après celle-ci », indique Sylvie Derridj, ancienne chercheuse à l’Inra. Appliqués par exemple en infra-doses sur feuilles de maïs, ils traversent la cuticule et ont pour effet de réduire les pontes de la pyrale de façon significative. Associé au soufre sur melon, le fructose diminue également les fréquences d’attaque de pyrale et d’oïdium sur feuille. Sur vigne, il est actuellement à l’étude par les instituts techniques de recherche, afin de tester son action anti-fongique contre le mildiou et l’oïdium. « Associé à du cuivre à dose réduite, le fructose donne des résultats intéressants contre le mildiou, permettant ainsi une réduction de dose de ce dernier en viticulture biologique », indique le Grab (Groupe de recherche en agriculture biologique).

Ce dernier expérimente également des extraits de plantes : saule, bourdaine, prêle ou absinthe. « Ces mélanges complexes de différentes molécules de grande diversité de structures », fonctionnent selon plusieurs modes d’action. « Cette diversité de structures implique une diversité d'activité » indiquait Cédric Bertrand, chercheur à l’université de Perpignan, lors d’un colloque l’an dernier. « Ces composés identifiés dans ces extraits naturels ont des propriétés antifongiques directes, insectifuges, photoprotectrices, phytotoxiques ». Associées à une faible dose de cuivre, la bourdaine et l’absinthe montrent des résultats intéressants contre le mildiou.

Le marché du biocontrôle :

En France, les produits de biocontrôle n’occupent "encore" qu’une portion modeste du marché phytos, avec 5 % de parts de marché valeur (100 millions € en France en 2013). Mais il risque de ne pas en rester là, avec l'objectif d’atteindre, d’ici 2018, 15 % de parts de marché français des phytosanitaires.

Au départ, seules les petites Pme spécialisées se sont intéressées à ce marché. Les grands groupes agrochimiques ont ensuite suivi. Selon l’Uipp, ces derniers produiraient actuellement déjà plus de 50 % du marché (valeur) des produits de Biocontrôle (André Fougeroux, Uipp).

Les grands groupes investissement massivement ce secteur : rachat d’Agraquest par Bayer, rachat de BeckerUnderwood par Basf, alliance Monsanto-Novozymes, rachat de Agrauxine par Lesaffre...

Selon l’Ibma (association internationale des industriels du biocontrôle), les entreprises de ce secteur industriel sont désormais plus de 70 en France, petites sociétés et grands groupes, avec de nombreuses start-up. Environ 20 par an naissent, traduisant un certain dynamisme du secteur.

BiocontroleCroissance mondiale du biocontrôle par zone géographique : entre 2012 et 2017, l’Ibma table sur une croissance du marché du biocontrôle de 16 %, avec un chiffre d’affaires au niveau mondial passant de 1,5 milliards $ à 3,2 milliards $. (©Ibma)

D’autres produits vont agir par effet mécanique, tout simplement en installant une « barrière physique » vis-à-vis des agressions extérieures : insectes, champignons, UV. C’est par exemple le cas du talc et de l’argile kaolinite, utilisés en viticulture. Le premier est actuellement utilisé contre les « coups de soleil » sur pommiers et abricotiers, ou contre l’échaudage sur raisin. Mais le talc est également à l’étude pour approfondir son aspect fongifuge en viticulture : la réduction du temps d’humectation, de l’ordre de 15 à 25 %, pourrait être intéressante contre le mildiou et l’oïdium. Il a également des propriétés insectifuges. Quant à l’argile kaolinite calcinée, par son action insectifuge, elle donne les résultats intéressants contre la cicadelle verte, insecte piqueur-suceur. « Le film protecteur formé par l'ensemble des fines particules d'argiles possède une action mécanique et répulsive vis-à-vis des insectes : la présence de cette argile perturbe la prise alimentaire des larves, mais aussi leurs déplacements et le dépôt des pontes », explique Nicolas Aveline, de l’Ifv Bordeaux-Aquitaine. D’autres perspectives de recherches restent par ailleurs possibles pour l’argile, qui a des propriétés antiseptiques : des expérimentations doivent être conduites pour mesurer ses effets sur les tordeuses de la grappe et sur le développement du botrytis.

Une substance de biocontrôle peut aussi avoir un mode d’action par ingestion ou par contact, en paralysant les insectes ravageurs ou en déshydratant la cuticule des animaux ou ravageurs. C’est le cas du contesté pyrèthre, insecticide naturel tiré du Chrysanthenum, efficace contre la cicadelle de la flavescence dorée. L’huile essentielle d’orange douce, "Prev-Am", proposée par Vivagro et homologuée contre l’oïdium et le mildiou, agit par brûlure de certains insectes à corps mou et destruction des parois cellulaires des champignons, grâce aux terpènes qu’elle contient. D’autres agissent en perturbant la reproduction de l’insecte ; c’est le cas des phéromones, utilisées contre eudémis et cochylis. Le "Botector", commercialisé par De Sangosse, composé d’une souche de champignon, a recours encore à un autre mode d’action. Doté d’une bonne rapidité de prolifération, le produit va agir en entrant en compétition avec le botrytis, qui n’a pas le temps d’infecter la baie.

Mais les recherches et développements en cours sur ces produits de biocontrôle ne se limitent pas à la seule lutte contre les bio-agresseurs. Ils portent également sur leur capacité à agir sur la physiologie de la plante. Les sucres ont par exemple une action positive sur la croissance de certaines plantes, tiges et racines, notamment sur maïs et tomate. "Vivaflor", commercialisé par Goëmar, à base d’algue, active la physiologie de la plante, donc ses capacités à s’alimenter et à fructifier. La solution la rend donc plus résistante aux conditions climatiques ; appliquée au stade grappes séparées, elle est censée sécuriser la floraison de la vigne. Depuis peu, Lallemand Plant Care propose "Lalvigne mature" : un composé de fractions de levures. Pulvérisé sur la vigne à la véraison, ce produit améliore la maturité phénolique des baies, en stimulant la biosynthèse de composés par la vigne

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