
Afin d’aider les viticulteurs dans le pilotage de la lutte anti-oïdium, Basf et l’Icv ont mis au point une grille d’aide à la décision. (© Terre-net Média) Basf-Agro et l’Institut coopératif du vin (Icv) mènent depuis 2009 des expérimentations sur l’oïdium et son impact sur la qualité de la vendange et du vin. Après avoir comparé différentes stratégies de traitement et après quatre années de recul, les deux entreprises proposent des seuils d’intensité d’attaque, en-dessous desquels le risque d’altération de la vendange est nul ou faible. Ces seuils peuvent servir aux viticulteurs comme points de repères, afin de pouvoir éventuellement supprimer des traitements anti-oïdium en fin de programme, mais aussi mieux gérer le risque oïdium sur la qualité finale du vin.
Le premier seuil qui a été déterminé par les deux partenaires, se situe au moment de la récolte : en cas de présence de grappes très touchées par l’oïdium, le seuil acceptable a été fixé à maximum 5 %. Au-delà, les défauts sont perceptibles dans le vin et donc préjudiciables. Si le taux dépasse 10 %, la qualité est très dégradée et la correction du vin « compliquée et coûteuse ». En cas de grappes peu touchées - soit seulement quelques baies atteintes - ce taux de "tolérance" passe à 30 %, sans trop de risque de nuire à la qualité du vin. Le stade fermeture de grappe
Le second seuil "point de repère" déterminé se situe au moment du stade « fermeture de grappe ». Basf-Agro et l’Icv ont en effet constaté qu’un programme « raisonné » - c'est-à-dire qui s’arrête plus tôt qu’un programme « sécurité » (voir encadré) - n’avait finalement que très peu d’impact sur le rendement et le pourcentage d’attaque (intensité). La date d’arrêt étant fonction de l’état sanitaire du raisin à la fermeture de grappe : si à ce stade, on n’a pas, ou très peu de dégâts visibles - seuil inférieur à 15 % par grappe - les dégâts à la récolte seront minimes, avec une fréquence de grappes très touchées à la récolte inférieure à 5 %, donc sans impact sur la qualité du vin. Dans ce cas, on pourra alors décider à ce stade de l’arrêt de la protection, et ainsi faire l’économie d’un ou deux traitements selon les années.
Si au contraire les dégâts sont visibles (> 15 % d’intensité), il y aura in fine une présence significative d’oïdium à la récolte, avec un taux de grappes très touchées supérieur à 5 %, donc un risque accru de qualité dégradée du vin. Basf-Agro préconise alors le maintien de la protection jusqu’à fin véraison. « Après fermeture, il faut donc évaluer l’état sanitaire dans le vignoble en mesurant la fréquence des grappes très touchées. En fonction de ce seuil, on pourra décider ou non de renouveler les traitements, résume Vincent Jacus, de Basf. Si on ne voit rien, c’est qu’il y a très peu de dégâts et donc peu de chance que cela provoque des dégâts à la récolte ».
Afin d’aider les viticulteurs dans le pilotage de la lutte anti-oïdium, Basf et l’Icv ont mis au point une grille d’aide à la décision reprenant ces différents indicateurs.

La grille de décision mise au point par Basf-Agro et l'Icv suite à leurs expérimentations sur l'oïdium. (© Basf-Agro)
Le comparatif pendant quatre années entre les différentes stratégies de protection - de la plus sécurisée à la plus économique - leur a aussi permis de confirmer l’importance du positionnement du premier traitement, « pour éviter un développement précoce de l’oïdium et ainsi d’éviter de courir après ».
Programmes de traitements expérimentés en 2009, 2011 et 2012 (cliquez ici pour agrandir)
En 2011 et 2012, les traitements de fin de programme arrêtés plus tôt, au stade fermeture de grappe, en comparaison du programme « sécurité ». La baisse rendement a été de 7 % par rapport à celui-ci, soit un rendement comparable. L’intensité d’oïdium à la récolte a été de 6 %, contre 4 % pour le programme « sécurité », soit un taux équivalent et garantissant un vin de bonne qualité.