Selon Igor Michalski*, conseiller Ubifrance en Pologne, ce pays, récemment entré dans l’Union européenne et peuplé de 39 millions d’habitants, est un marché « dynamique », « ouvert » et en pleine croissance pour le marché du vin. Sur les segments des vins tranquilles embouteillés d’abord, qui représentent 89 % de parts de marché en valeur, mais aussi des vins effervescents (7 %). Pour étayer ses propos, ce dernier met en avant deux indicateurs. La consommation moyenne de vin d’abord, qui, même si elle part d’un niveau très bas (7,2 l/hab), y est en constante augmentation. De 273 millions hl en 2010, elle s’est établie à 283 millions hl en 2013 et devrait passer à 308 millions hl pour 2014.
Le second indicateur est celui de « l’offre grandissante en vin » dans le pays. « De plus en plus de clubs et de nouveaux magasins de vin voient le jour ces dernières années », témoigne-t-il. Entre 2008 et 2012, pas moins de 500 détaillants ont en effet été ouverts à travers le pays. « Ils sont tenus par des importateurs, qui se sont beaucoup diversifiés, qui travaillent beaucoup avec internet », précise le conseiller. Le fort de la croissance se situe à Varsovie, qui réunit à elle seule 161 magasins, avec les catégories socioprofessionnelles « les plus diversifiées ». Mais trois autres zones « dynamiques » sont aussi répertoriées : Gdansk, au nord, Poznan, à l’ouest et Cracovie, au sud. Des zones dans lesquelles les consommateurs « connaissent et apprécient mieux les vins ».

La Pologne compte 39 millions d'habitants et quatre zones "dynamiques". (© Ubifrance)
Agnieszka Kumor*, journaliste polonaise à Rfi, spécialiste du vin, confirme : « La Pologne est un marché très dynamique ; la culture du vin y progresse assez vite avec une demande grandissante vers le milieu et le haut de gamme. Mais ce sont aussi des consommateurs nomades, ils ne sont pas attachés à une marque », précise-t-elle. Leur connaissance, notamment la notion « d’Aop », reste cependant peu développée. Par exemple, pour un Polonais, un « Bourgogne » est une marque. « Mais les Aop françaises sont appréciées. Les vins français bénéficient d’une belle image : "c’est cher mais c’est bon", pensent les consommateurs ». Plus généralement, les vins de la « vieille Europe » semblent désormais revenir à la mode, après avoir été délaissés pendant plusieurs années par les importateurs, au profit de ceux du "nouveau monde".
D'ouverture récente, ce marché n’est donc pas encore arrivé à maturité, induisant des efforts de communication pour la compréhension de la complexité des offres. La Pologne reste par ailleurs un marché de "prix", « mais celui-ci n'est plus le facteur limitant absolu dès lors que la qualité est au rendez-vous », ajoute la journaliste. La tranche de prix de la majorité des vins achetés se situant entre 3,40 € et 9,50 €.
La France occupe actuellement la sixième place en volume pour les importations de vins dans ce pays, derrière les Etats-Unis, l’Espagne, l’Italie, la Moldavie et le Chili. Mais interrogés sur leur ordre de préférence, les consommateurs placent la France en troisième position, derrière l’Italie et l’Espagne. Selon la journaliste polonaise, « il y a beaucoup de restaurants italiens en Pologne, donc de vins italiens, et pas assez de français !»…Des restaurants qui pourraient bien entendu aider au développement de la consommation des vins français. « Nous buvons de la vodka mais nous travaillons aussi à la progression de la consommation en vin…Ne ratez pas cette occasion ! », a-t-elle conclu.
Un constat également partagé par Serge Paillaugue*, directeur général Groupama assurance crédit : « La France a une position indigente en Pologne. Il nous faut progresser sur ce pays. Le vin n’y représente que 10 % de nos engagements en agro-alimentaire, contre 80 % en Chine ! »

*Témoignages recueillis lors des Rencontres nationales des Vignerons indépendants de France sur le thème de l'export, en avril 2013, à Epernay.