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Une maladie qui se propage en France et qui inquiète les chercheurs
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Virus de l’enroulement
Une maladie qui se propage en France et qui inquiète les chercheurs

Par Juliette Cassagnes Le 06 mai 2013
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Une maladie qui se propage en France et qui inquiète les chercheurs
L
a propagation dans les vignobles français du virus de l'enroulement, transmis soit par le matériel végétal, soit par les cochenilles, inquiète les chercheurs. Ces deux facteurs en seraient la cause directe, mais le peu de suivis effectués dans les vignobles ne permet pas un bilan précis de la situation.

« On a une recrudescence nette de l’enroulement dans le vignoble français, avec de plus en plus de signalements par les viticulteurs », témoigne Etienne Herrbach, de l’Inra de Colmar. Selon le chercheur, l’expansion de cette maladie d'origine virale est progressive, « depuis une quinzaine d'années environ », toutes les régions étant touchées, à des degrés divers. « L’expansion est surtout relevée par les professionnels bourguignons, note celui-ci. Probablement parce qu’il y a beaucoup plus de cépages rouges, pour lesquels les symptômes sont très visibles – des feuilles rouges avec des nervures vertes - contrairement aux blancs, beaucoup plus difficiles à reconnaître ». Mais les virus touchent également les autres vignobles, comme l’Alsace ou la Champagne. Dans les régions fortement plantées en cépages blancs, son signalement est moindre mais le virus est aussi présent.

En Bourgogne, des parcelles entières de Pinot noir présentent des symptômes d'enroulement
En Bourgogne, la maladie de l'enroulement est bien visible, avec des parcelles entières de Pinot noir présentant des feuilles rouges aux nervures vertes (© E Herrbach - Inra Colmar)

Cette maladie, touchant indifféremment tous les cépages, sévit aussi hors de nos frontières : « on assiste à des propagations très inquiétantes d’enroulements également au Portugal, dans la région du Douro très contaminée par l’enroulement type 3, en Californie, mais aussi dans des pays viticoles de l’hémisphère sud, Afrique du Sud, Nouvelle-Zélande », confirme Olivier Yobrégat, responsable matériel végétal à l’Ifv.

En France, il semblerait que « la propagation soit atténuée dans les vignobles qui pratiquent la lutte obligatoire contre la cicadelle de la flavescence dorée, avec un effet collatéral probable sur les populations de cochenilles », poursuit celui-ci.  A l’inverse, ces insectes semblent proliférer dans les vignobles où la lutte insecticide contre les vers de la grappe a été remplacée au profit de la confusion sexuelle. Les virus de l’enroulement des espèces "1" (GLRaV-1) et "3" (GLRaV-3) peuvent en effet se transmettre par l’intermédiaire de ces insectes vecteurs, qui, en piquant la plante pour se nourrir, transmettent dans le même temps les virus contenus dans leur salive. 

Dans les vignobles de Bourgogne et du Beaujolais, particulièrement touchés, les chercheurs ont par exemple pu recenser plusieurs espèces de cochenilles vectrices, dont P.aceris, « un très bon vecteur des espèces 1 et 3 ». Mais la progression des virus de l’enroulement reste aussi liée à la transmission par le matériel végétal : « certains pépiniéristes multiplient, dans le cadre de sélections massales, des plants enroulés, à la demande même des viticulteurs », déplore Etienne Herrbach. Tandis que dans la filière de production de matériel végétal certifié, un contrôle périodique, par des tests, des vignes-mères de greffons et de porte-greffes, reste obligatoire pour le court-noué et l’enroulement, permettant ainsi d’éviter la propagation des viroses graves dans les plants.

En France, sept espèces de cochenilles ont été identifiées comme vectrices des virus : *les cochenilles farineuses comme Phenacoccus aceris ou Heliococcus bohemicus, *les cochenilles à coque *et les cochenilles floconneuses, comme Neopulvinaria innumerabilis, cochenille émergente en France, avec des infestations importantes depuis quelques années dans le vignoble du Beaujolais et en Italie.  La cochenille P aceris
La cochenille P aceris, très présente en Bourgogne, est un très bon vecteur des virus d'espèces 1 et 3 de l’enroulement. (© Inra Colmar) La cochenille
La cochenille "Neopulvinaria innumerabilis" se développe en Beaujolais (© Raymond Gill, California Department of Food and Agriculture, Bugwood.org) Le virus de l’enroulement peut avoir des conséquences qualitatives importantes sur la récolte, avec une baisse de vigueur, des retards de maturation : sucre, acidité et couleur. Malgré cela, les scientifiques s’inquiètent du « manque de préoccupation des professionnels pour cette maladie, notamment dans le sud, où la maladie est pourtant présente, sans doute reléguée au second plan à cause des maladies du bois ou des autres maladies fongiques ». Aucune étude chiffrée ne permet par exemple de connaître la situation exacte du pourcentage de parcelles malades dans les différentes régions. Seul un suivi du taux de présence des cochenilles est réalisé, chaque année, par la Draaf-Sral. En 2012, la Savoie affichait par exemple le taux le plus élevé (46 % des parcelles hébergeant des cochenilles), suivi du Diois (18 %), de la Champagne (16 %) et du Beaujolais (14 %). Les infestations pouvaient sinon localement atteindre de très hauts niveaux : c’était le cas en Champagne (70 % de ceps attaqués), en Beaujolais (70 %), ou encore en Libournais (40 %).

Etienne Herrbach conseille d’ailleurs d’aller vérifier en ce moment même, leur éventuelle présence dans les vignes, le printemps étant « le meilleur moment ». « Elles sortent au printemps, après avoir passé l’hiver dans les troncs sous l’écorce, et c’est à ce moment là qu’on les voit le mieux », explique le chercheur. S'il y a une forte infestation et qu’il y a présence d’enroulement sur la parcelle, il y a alors un risque accru de diffusion rapide du virus (voir encadré).

Propagation du virus de l'enroulement : « une contamination d'une parcelle en quelques années est possible »

Jean le Maguet, chercheur à l’Inra de Colmar, a mené une thèse, financée par les interprofessions viticoles et FranceAgriMer, sur le rôle des cochenilles dans la diffusion des virus de l’enroulement,

Ses travaux, conduits sur une parcelle en Bourgogne de 2004 à 2011, ont permis de confirmer la vitesse « alarmante » de propagation possible de l’enroulement d'espèce "1" par la cochenille farineuse P.aceris, principale espèce présente.

Elle est capable, d'une part, de transmettre huit virus différents de vigne à vigne au laboratoire et, d'autre part, de disperser le virus GLRaV-1 en huit années à l'ensemble d'une parcelle initialement saine, les cochenilles provenant des parcelles voisines (qui ne volent pas mais se déplacent d’une plante à l’autre, transmettant le virus que sur des petites distances).

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(© J Le Maguet)
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