
Pour Manuel Blondy, de la Chambre d'agriculture de Gironde, il faut mélanger les différentes espèces
qui ont des profils différents mais sont complémentaires. (© J.Cassagnes) Quel couvert végétal est le plus adapté à mes parcelles ? Quelles espèces semer parmi toutes les variétés proposées ? A ces questions, Manuel Blondy, technicien gestion des sols viticoles à la Chambre d’agriculture de Gironde, répond simplement : « il faut mélanger les familles ! Les différentes espèces ont, en effet, des profils différents mais complémentaires ». Une complémentarité qui passe par les critères de la durée de végétation et des périodes d’implantation, qui doivent être compatibles entre elles, mais aussi par les bénéfices apportés par chaque espèce.

L'avoine, graminée, peut être implantée
jusqu'à mi-novembre(© JC)
Par exemple, certaines, étouffantes, ont la propriété de lutter contre les adventices. Soit grâce à leur taux de couverture du sol – cas des crucifères, de la phacélie - soit grâce à leur effet allélopathétique, c’est-à-dire leur faculté à diminuer la levée des autres adventices.
C’est le cas de certaines graminées – avoine, sorgho, seigle, moha - ou de la vesce chez les légumineuses. Certaines espèces ont même un effet allélopathétique ciblé : la luzerne sur le chardon, le liseron ou le chiendent, le radis fourrager contre la moutarde et la ravenelle, la phacélie contre le chiendent et le sarrazin contre le rumex et la renouée.
Améliorer la structure du solD’autres espèces permettent, mieux que d’autres, d’améliorer la structure physique du sol grâce à leur système racinaire : « on en a deux sortes, précise Manuel Blondy : ceux dont les racines restent en surface, dites fasciculées, cas des graminées, et ceux dont les racines sont pivotantes, cas des crucifères et des légumineuses qui ont des racines qui permettent un décompactage plus en profondeur ».
C’est par exemple le cas de la luzerne et de la navette fourragère. L’association d’espèces à systèmes racinaires complémentaires permettra donc de structurer le sol sur plusieurs couches.
Le critère "gélif" est également propre à chaque espèce et doit être pris en compte dans le raisonnement, surtout si l’objectif est d’implanter un couvert hivernal gélif, par exemple pour créer un mulch en surface et ainsi lutter contre l’érosion. Les espèces les plus gélives sont le sarrasin (- 2°C), le sorgho, le moha mais aussi la phacélie (- 4°C) et la moutarde blanche (- 7°C).
Dans cet objectif, on pourra donc opter pour un mélange de céréales de printemps - pour que le couvert se développe suffisamment et soit à un stade gélif (épiaison) pour l’hiver - mêlé avec des espèces très couvrantes, comme la phacélie ou la moutarde.
Réfléchir et hiérarchiser ses objectifs
Le sarrasin peut être utile pour son apport en phosphore ou son effet contre les adventices (© JC)
Chaque espèce semée a également un profil type vis-à-vis de la fertilisation, selon qu’elle apporte de l’azote, du phosphore ou de la potasse.
Lorsque l’engrais vert est broyé et enfoui, les espèces remettent à disposition certains éléments minéraux pour la vigne. Les graminées et les crucifères restituent essentiellement de la potasse, tandis que les légumineuses rejetent essentiellement de l’azote.
Un viticulteur qui souhaite redonner de la vigueur à sa vigne et entretenir la structure de ses sols pourra donc opter pour un mélange à dominante de légumineuses (60 %) avec des graminées d’hiver (30 %) et de crucifères (10 %).
Sinon, se limiter à 30 % de légumineuses pour une vigne équilibrée et aucune si la vigne est vigoureuse. « Attention également aux crucifères – colza, moutarde, navette ou radis fourrager - qui relarguent du soufre, ce qui acidifie les sols non calcaires, prévient le technicien. Pour les sols acides, les crucifères sont donc déconseillés ! ».
Bien choisir ses variétés à semer passe donc avant tout par une réflexion et une hiérarchisation des objectifs recherchés...
Sans oublier la prise en compte, comme on vient de le voir, très importante du sol : « le type de sol joue sur le choix de l’espèce. En effet, les espèces sont adaptées à un pH et une texture particulière. De plus, selon la réserve utile disponible, les espèces se comportent différemment », explique l’Itab dans une fiche pratique.




