Contrôle de débit, répartition de la pulvérisation, facilité de nettoyage, précision de la jauge et d'autres performances
ont été évaluées sur 6 pulvérisateurs viticoles. (© Berthoud)
Plusieurs critères de performances des six appareils ont ainsi été testés, sur deux modes de conduite de vigne, en arcure palissé ou haute, d’écartement 3 mètres et de 2 mètres de hauteur. Des tests statiques d’abord, avec le contrôle du débit (les mesures de débit étant un préalable indispensable à la mesure des dépôts foliaires), la puissance absorbée, la consommation, ou encore le rayon de braquage. Une analyse « pratique » des appareils, par un jury de viticulteurs et la Msa, a également permis de juger la bonne accessibilité aux filtres, la qualité du marche-pied, ou encore la facilité de nettoyage du pulvérisateur. Enfin, des tests « en végétation » leur ont permis d’évaluer la qualité de pulvérisation, par dosage des quantités déposées de produit, au stade fermeture de la grappe, sur neuf zones différentes du feuillage : bas, milieu, haut, côté gauche, droit, intérieur, face inférieure et supérieure, ainsi que sur les grappes. Pour se faire, ces mesures ont été effectuées grâce à des capteurs positionnés à ces différents endroits dans la vigne et une solution contenant un colorant alimentaire a été pulvérisée.
Les six pulvérisateurs ont été sélectionnés « selon leur principe de fonctionnement » : trois ont un système de tunnels de pulvérisation ventilés, dont deux à jets portés (marques « Dagnaud turbipano » et « Friuli ») et un pneumatique (marque « S21 TP »), un quatrième est doté d'un système de pulvérisation centrifuge (marque « Enviromist turbofan »), un cinquième est un appareil « arbo » à jets portés (marque « Berthoud arbo AX ») et le dernier est une cellule de pulvérisation « voûte droite », à jets portés (marque « Grégoire Multiflow »).

Le pulvérisateur Dagnaud est équipé de 6 buses Teejet xr vertes et de 2 pastilles Teejet CP 4916(© A. Davy (IFV) - M. Sabouret (CA16)

Le pulvérisateur S21 est équipé en haut de pastilles Albuz AMT10 et en bas de pastilles Albuz AMT8 (sens débit fort) (©A. Davy (IFV) - M. Sabouret (CA16)

Le pulvérisateur Friuli est équipé de 12 buses Albuz ATR lilas (©A. Davy (IFV) - M. Sabouret (CA16)

Le pulvérisateur Enviromist est muni de buses Teejet CP4916-32(©A. Davy (IFV) - M. Sabouret (CA16)

Le pulvérisateur Berthoud est équipé de pastilles albuz AMT10, sens débit fort (©A. Davy (IFV) - M. Sabouret (CA16)

le pulvérisateur Grégoire est équipé de buses Albuz ATR blanches (©A. Davy (IFV) - M. Sabouret (CA16) Une faible sensibilité au vent
Les conseillers ont pu dégager un certain nombre de points forts et de points faibles pour chacun d’entre eux : concernant notamment les résultats de pulvérisation de l’appareil « Dagnaud turbipano » et pour les deux modes de conduite, il ressort une couverture du feuillage « très bonne » (supérieure à la moyenne). Par contre, la couverture de la zone fructifère est légèrement en dessous de la moyenne des autres appareils testés, d’environ 14%.

La qualité de pulvérisation de l'appareil à tunnels Dagnaud: supérieure à la moyenne de l'essai sur feuillage, voire
même en dosage excessif sur le côté gauche, mais un peu en dessous sur grappes (les résultats sont exprimés en
quantité de colorant dosé par unité de surface de captage pour 1g de colorant épandu à l’hectare (ng/dm² pour 1 g/ha)
(© A. Davy (IFV) - M. Sabouret (CA16))
Pour l’appareil à jet porté et tunnels de marque « Friuli recovery», les auteurs mentionnent des couvertures du feuillage et des grappes se situant « aux alentours de la moyenne », mais là aussi, la couverture de la zone fructifère est un peu en dessous de la moyenne des appareils testés (8 %). « Le nombre élevé de buses (six) par face de rang traité permet d’obtenir une bonne répartition verticale de la pulvérisation sans trop se soucier des réglages », commentent les auteurs.
Parmi les autres points forts relevés pour ces deux appareils, les conseillers ont relevé leur très faible sensibilité au vent, la possibilité de traitement des deux faces du rang, le réglage aisé des diffuseurs, ou encore la récupération des excès de bouillies grâce aux panneaux, particulièrement en début de saison.
Un débit de chantier de 8 ha/hLe troisième pulvérisateur à tunnels, le « S21 TP », cette fois pneumatique, donne de très bons résultats sur grappes, sur les deux modes de conduite (27 % au-dessus de la moyenne). Sur le feuillage, les résultats restent par contre dans la moyenne, avec cependant une moins bonne couverture du bas du feuillage : « Assez bizarrement, la couverture du bas du feuillage est nettement moins bonne que le reste du feuillage et ce pour les deux modes de conduite, commentent les auteurs. On peut s’interroger sur la pertinence dans le choix de positionner une main supplémentaire dirigée sur le haut du feuillage plutôt qu’une main positionnée plus bas et orientée de bas en haut ». L’un des points forts relevés pour cet appareil réside également dans la présence de panneaux récupérateurs sur un pulvérisateur de technologie pneumatique : « assez rare pour être souligné », commentent les conseillers. Parmi les points faibles mentionnés, la puissance absorbée relativement importante, l’absence de possibilité de réduire la ventilation en début de campagne, à cause de la technologie pneumatique.
La cellule de pulvérisation voûte droite, à jets portés de marque Grégoire Multiflow, montée sur porteur, donne de bons résultats sur les deux modes de conduite, en termes de quantités déposées et de répartition du produit sur la vigne, sur feuilles et sur grappes. A noter tout de même, une dérive importante, surtout en arcure haute, due au choix des buses « Atr blanches » sur toute la hauteur : « cela ne semble pas judicieux, précisent les auteurs ; des buses à injection d’air pourraient (devraient ?!) être positionnées sur le haut du feuillage » (voir ci-dessous). C’est par ailleurs l’appareil qui possède le débit de chantier le plus élevé, avec 8 ha/heure. Autre point négatif : son coût.

Résultats de la qualité de pulvérisation du pulvérisateur "voûte droite": sur le haut du feuillage, à gauche comme à
droit, les technciens ont relevé une dérive importante de produit, correctible en changeant de buse; les grappes
bénéficient quant à elles d'une bonne qualité de pulvérisation (© A. Davy (IFV) - M. Sabouret (CA16)) Une répartition hétérogène
Pour le pulvérisateur « Enviromist Turbofan », qui utilise de façon exclusive des buses centrifuges, ce qui permet « d‘avoir un faible volume/ha (50 L/ha en pleine végétation) d’où une autonomie accrue », ne donne pas de bons résultats de pulvérisation. Les quantités de produit déposées sur feuillage et sur grappes restent nettement en effet nettement en-dessous de la moyenne (-27 % et -15 %), et ce, pour les deux modes de conduite. « Il semblerait que cet appareil nécessite quelques améliorations - bureau d’études, tests complémentaires - notamment au niveau de la ventilation (type ou puissance des ventilateurs) ou positionnement des diffuseurs (taille des gouttes ?) », commentent les auteurs.
Enfin, les résultats concernant le pulvérisateur « arbo » à jets portés et à turbine hélicoïdale (marque Berthoud arbo AX) témoignent d’une « forte hétérogénéité » entre le face traitée et la non traitée. C’est en effet le seul appareil des essais à ne pas traiter les deux faces en même temps. Les relevés effectués sur les capteurs indiquent entre trois et cinq fois moins de produit sur la face non traitée, impliquant un « sous-dosage d’un côté et un surdosage de l’autre ». La répartition est d’autre part très hétérogène entre le bas et le haut de la végétation. « Cet appareil, de conception ancienne, a été retenu par le groupe Forum Pulvé car c'est un appareil très présent dans le vignoble charentais », commente Mathieu Sabouret, conseiller à la Chambre d'agriculture de Charente. « Ce type de pulvérisateur "arbo" jets portés à ventilateur hélicoïdal bas est donc limité en terme de qualité de pulvérisation dans ces conditions d'utilisation (vignes à 3 m, passage un inter-rang sur deux) ».

Le pulvérisateur arbo Berthoud ne traite qu'une seule face à la fois, d'où un sous-dosage du côté gauche et un sur-dosage du côté droit (©A. Davy (IFV) - M. Sabouret (CA16)
Pour télécharger les résultats complets de l’étude.