Au moment du débourrement, la vigne utilise l’azote provenant de ses propres réserves d’amidon, au niveau de ses racines. Ce n’est qu’à partir du stade 3-5 feuilles qu’elle pourra utiliser celui amené dans le sol, puisé par le système racinaire.
Or la mise en réserve de cet amidon commence à la véraison de l’année précédente et se termine à la chute des feuilles. « Pour les parcelles ayant subi des défoliations précoces l’an dernier, on peut donc s’attendre à un débourrement et un démarrage de la pousse moins actif que sur les autres parcelles, explique l’Atv 49. Sur ces parcelles ayant souffert, une attention toute particulière doit être portée au sol. Il doit être en fonctionnement et prêt à apporter des éléments nutritifs à la plante dès que les premières feuilles sont assez grosses pour commencer la photosynthèse, et ainsi stopper au plus vite le pompage des réserves pour assurer la pousse ».
La vigne a besoin d’azote du débourrement jusqu’à la floraison, mais pas aprèsL’association conseille dans ce cas des apports de matière organique fraîche et de commencer à travailler les sols en surface – 10 cm maximum – trois à quatre semaines avant débourrement, délai qui correspond en fait au temps nécessaire à la dégradation et à la mise à disposition des éléments minéraux de la matière organique. Ce conseil restant également valable pour toutes les parcelles. Un seul apport fertilisant étant normalement suffisant.
Du débourrement au début de la floraison, l’azote nécessaire à la pousse végétative est fourni, pour la plus grande
partie, par les réserves contenues dans les racines et accumulées à la fin du cycle végétatif précédent. Ce n’est
qu’à partir de la floraison que la vigne absorbe l’azote du sol de façon notable. (© Ifv)
Si les conditions de minéralisation ne sont pas bonnes – en cas de contrainte hydrique trop forte, d’excès d’eau, de températures trop faibles, etc – la mise à disposition de l’azote pour la plante ne sera pas optimale. Il est alors conseillé de retarder l’application. Mais une intervention trop tardive ne sera pas efficace non plus: la vigne ayant besoin d’azote du débourrement jusqu’à la floraison, mais pas après. L’apport de matière organique doit être préférée aux engrais minéraux
L’apport de matière organique doit être préférée aux engrais minéraux, car ces derniers sont directement solubles par la pluie et tout de suite assimilables par la plante ; celle-ci ne se nourrit donc que ce qui est apporté. Les engrais minéraux provoquent aussi parfois des carences en autres éléments dont la vigne a besoin. Les engrais organiques contiennent quant à eux beaucoup d’éléments minéraux et d’oligo-éléments indispensables, et permettent en plus d’améliorer les propriétés physiques du sol, régulent l’alimentation de la plante grâce à leurs capacités de rétention en éléments minéraux et en eau et ont un rôle sur la vie biologique des sols. Dans cette catégorie, l’Atv 49 préconise des engrais verts, d’origine spontanée ou semée en fin d’été, par un simple enfouissement à 5 ou 10 cm en profondeur du couvert. Sinon du compost jeune de fumier pailleux de bovin, à réserver aux sols pauvres. Tous deux apportent du sucre et de l’azote, nécessaires à une bonne alimentation du sol.
Par ailleurs, « un état calcique et un pH satisfaisants du sol permettent une bonne assimilation des éléments par la vigne, tout en contribuant à une bonne structure du sol », explique l’Ifv. Comme pour l’apport de matière organique, un amendement calcique est donc à raisonner par le viticulteur avant tout autre apport de fertilisant, car il est « à la base de l’alimentation de la vigne ». L’acidification du sol est un phénomène naturel, mais les sols pauvres en calcaires n’ont pas la faculté naturelle à compenser cette tendance. Un chaulage est alors nécessaire. « Pour savoir s’il y a du calcaire dégradable dans votre sol, il suffit de verser sur une motte de terre de l’acide chlorhydrique ou sulfurique dilué à environ 10 %, conseille l’Atv 49. Si cela mousse, c’est qu’il y en a et qu’il n’y a pas besoin de chauler ; si cela ne mousse pas mais qu’une effervscence est audible, un petit apport peut être envisagé ; enfin, si rien ne se produit, un apport d’entretien est nécessaire ». Le produit préconisé par l’assocaition étant le calcaire crû et « surtout pas de chaux vive ou éteinte, très agressives pour les organismes vivants ». Il doit être incorporé en surface (profondeur de 5 à 10 cm) à la sortie de l’hiver. Un délai entre le chaulage et l’apport de matière organique, d’environ une semaine, doit être respecté.
Enfin, le recours à des outils d’aide à la décision tels que le diagnostic visuel - grâce à une fosse pédologique - les analyses de terre ou le diagnostic foliaire - tous les quatre ans environ - restent des préalables indispensables à une fertilisation ajustée.