Cépages

Trente ans après, le Marselan, un vin de cuve créé par l'INRA, prend son essor

ARIS, 27 jan (AFP) - L'Institut national de la recherche agronomique (INRA) fera goûter lors du prochain Salon de l'Agriculture le Marselan, un croisement de deux cépages réalisé en 1961 à partir de Grenache Noir et Cabernet-Sauvignon, et qui permet aujourd'hui de produire un vin d'excellente qualité.

"Pour le consommateur, qualité est souvent synonyme de choix, de variété. Or dans le domaine du vin, on assiste à un appauvrissement puisqu'à l'heure actuelle, 85% des vins fabriqués dans le monde sont issus de moins de 40 cépages, voilà pourquoi nous travaillons sur la création variétale", a déclaré Jean-Louis Escudier, ingénieur au centre de Pech Rouge dans l'Aude, au cours d'une conférence de presse mardi à Paris.

"L'innovation d'aujourd'hui fera la tradition de demain" explique-t-il avant de rappeler la genèse du Marselan, dont le nom fait référence à la ville de Marseillan (Hérault) où une inflorescence de Grenache Noir a été fécondée par du pollen de Cabernet Sauvignon. Les pépins issus de ce croisement ont été récoltés et semés sur le Domaine de Vassal en 1961 tandis que l'étude se poursuivait sur le domaine INRA du Chapitre dans l'Hérault, pour caractériser les aptitudes agronomiques, sanitaires et technologiques, mais aussi l'adapation de ces plantes aux conditions méditerranéennes.

Ce travail a débouché, après plus de 25 ans d'observation, sur la sélection d'un nouveau cépage qui a été inscrit en 1991 au Catalogue des variétés de vigne cultivées et recommandé à la plantation depuis 1997 sur l'ensemble des terroirs méditerranéens.

Puis, le règlement communautaire l'a classé en tant que variété provisoirement autorisée dans 17 départements méridionaux.

La très large palette aromatique du Marselan, un "vin haut de gamme", associe un tanin très présent avec la souplesse du Grenache, soit au final un "un bon équilibre", souligne le chercheur.

A propos de la réduction des cépages de vin, Jean-Louis Escudier, qui a constaté récemment qu'en Grèce on abandonne des cépages "autochtones" au profit de cépages connus, évoque des raisons économiques, les distributeurs dans les échanges internationaux notamment, préférant communiquer en termes de noms de cépages. A cet égard, des équipes de l'INRA travaillent sur les difficultés rencontrées par le modèle d'Appellation d'origine contrôlée dans le secteur viticole et son inadaptation face aux concurrents du nouveau monde.

La directrice générale de l'INRA Marion Guillou, qui présentait à la presse les grandes lignes de la présence de l'organisme au Salon de l'agriculture (28 février au 7 mars), a indiqué qu'une Fondation de l'Alimentation, d'utilité publique, pourrait être lancée en 2004, qui permettrait une passerelle entre recherche publique et acteurs privés du secteur alimentaire.