La faune utile ou auxiliaire, régulatrice des populations d'acariens nuisibles à la vigne est composée d'insectes et d'acariens prédateurs. Parmi eux, les acariens prédateurs de la famille des Phytoseiidae, appelés couramment Typhlodromes sont les plus importants agronomiquement car ils sont les plus fréquemment observés, les plus permanents dans les vignobles et ils présentent une forte capacité de prédation.
Les principales espèces rencontrées dans les vignobles français.
Typhlodromus pyri Scheuten domine largement dans les vignobles septentrionaux et atlantiques alors que Kampimodromus aberrans (Oudemans) est l'espèce la plus fréquemment rencontrée dans les vignobles méditerranéens.
Bien d'autres espèces sont observées. Parmi elles, il faut en citer deux qui peuvent localement développer de fortes populations : Neoseiulus californicus (McGregor) dans les vignobles du sud essentiellement et Typhlodromus phialatus Athias-Henriot dans les vignobles méditerranéens.
Deux types d'activités de prédation.
T. pyri et K. aberrans sont considérés comme des prédateurs, «basse densité» (ou de protection), capables de survivre dans les vignes lorsque leurs proies préférentielles sont absentes (I'acarien rouge P.ulmi pour T. pyri, l'acarien jaune E. carpini pour K. aberrans et C. vitis, agent de l'acariose, pour les deux prédateurs). Ils se nourrissent alors de proies de substitution (TYDEIDAE par exemple) et d'organismes végétaux (pollen, champignon, exsudats végétaux, etc).
N. californicus et T. phialatus sont des prédateurs «haute densité» (ou de nettoyage) qui ne viennent coloniser massivement la vigne que si les proies y sont déjà nombreuses (P. ulmi, E. carpini, T. urticae pour N. califomicus et C. vites pour T. phialatus). Lorsque la population de proies devient très faible, ces prédateurs quittent la vigne.
Comment les favoriser ?
Les différentes prospections réalisées ces dernières années montrent que la richesse d'une parcelle en prédateurs «basse densité» est fonction de plusieurs paramètres : cépage, environnement de la parcelle et protection phytosanitaire globale notamment.
Les études sur l'enrichissement de parcelles non ou peu colonisées par ces prédateurs portent sur deux axes :
la recolonisation naturelle des parcelles à partir de l'environnement (haies, bosquets, couverture herbacée, etc). Les lâchers inoculatifs à partir de parcelles «réservoirs» à l'aide de portions de bois ou de bandes pièges riches en PHYTOSEIIDAE en hiver ou de pousses herbacées au printemps ou en été (rameaux d'épamprage ou de rognage).Pour maintenir là où il existe déjà, ou bien pour implanter ce potentiel antagoniste, il faut obligatoirement :
Appliquer sur les parcelles une lutte raisonnée contre l'ensemble des parasites afin de réduire ou mieux positionner les traitements phytosanitaires. Utiliser des produits agropharmaceutiques neutres à faiblement toxiques pour les prédateurs ou bien, éventuellement, des produits pour lesquels ces derniers ont pu manifester des tolérances ou des résistances. Il a été montré, en effet, qu'il pouvait exister des populations résistantes notamment aux insecticides dans quelques vignobles.
photo (Remund SFRA Wädenswill - Allemagne) : Femelle de T. pyri (1) et Femelle de T. urticae (2)