Je souhaite que l’assurance socle pour risques climatiques soit prête pour le premier janvier 2015 mais on m’explique que cela ne pourra pas être possible ! » déplore Jérôme Despey, président du Conseil vin de FranceAgriMer, également administrateur de Groupama. Ce dernier milite depuis plusieurs années pour développer un produit assurantiel adapté à la viticulture. Suite aux différents assauts de la grêle en 2013 et en 2014 qui ont laissé des traces douloureuses dans les vignobles, il réclame la mise en place d’une « assurance multirisque climatique socle ». Le concept de ce produit ? Pour un coût raisonnable pour le viticulteur, celui-ci serait couvert sur ses charges fixes (salaire, traitements phytosanitaires, taille…).
Reste que la mise en œuvre est complexe. Ainsi, le montage financier n’est pas encore bien ficelé. L’assurance climatique bénéficie d’aides européennes qui couvrent 65% du coût de l’assurance. Jérôme Despey souhaiterait que cette aide puisse atteindre les 80% comme les fonds de l’OCM vitivinicole le permettent. Ce souhait a, d'ailleurs, été repris par le Conseil de Bassin du Languedoc-Roussillon qui s'est réuni le 7 novembre. Mais, la réglementation européenne prévoit qu’il n’est pas possible de faire converger deux aides différentes pour un même objet. Et Jérôme Despey d’expliquer : « il s’agit de trouver une ligne de partage dans les garanties proposées. Il pourrait y avoir un socle de base avec des garanties minimales et des garanties supplémentaires ». Ce scénario permettrait alors de créer deux objets assurantiels et ainsi de pouvoir actionner les deux sources de financement européen.
Les questions techniques de cette « assurance socle » prêtent également à débats entre les représentants professionnels viticoles et la Fédération des assurances. Plusieurs points techniques n’ont pas trouvé d’accords, comme la mesure de la baisse de récolte. Actuellement, elle se fonde sur la moyenne des cinq dernières récoltes à laquelle les valeurs de la meilleure et de la plus petite récolte sont retirées. Mais ce calcul biaise l’estimation du volume assuré lors de plusieurs récoltes successivement faibles, comme c’est le cas en Bourgogne après trois années de grêle. « Nous discutons également de la définition de ce qu’est un coup dur et comment apprécier les charges fixes et opérationnelles » ajoute Jérôme Despey. Les représentant des caves particulières font ainsi valoir que leurs charges opérationnelles ne sont pas les mêmes que celles d’un viticulteur coopérateur. Il est aussi question du champ de couverture des risques et notamment de celle-ci pendant la fleur. La couverture assurantielle de la coulure est, en effet, jugée insatisfaisante par les viticulteurs. La demande est d’ailleurs formulée pour qu’elle soit reconnue comme calamités agricoles, au même titre que la grêle ou le gel.
Dernière interrogation, et pas de moindre, quel sera le coût à l’hectare ? Si Jérôme Despey évoque les 100 euros/ha, les compagnies d’assurance restent très discrètes sur le prix que pourrait coûter « l’assurance climatique socle » à la viticulture. Jérôme Despey reconnaît n’avoir reçu « aucun élément ».
Crédits photo : Anne Serre - Vitisphere