es tonneliers français ne peuvent pas se permettre « de snobisme, il faut aller partout où les grands vins se font » estime Benjamin Macrez, le directeur commercial de la Tonnellerie Saint-Martin (Buzet-sur-Baïse). Ce conseil prend d'autant plus de poid qu'il est donné par une tonnellerie implantée depuis une quinzaine d'années sur le marché australien (avec sa propre structure commerciale) : « nous y sommes l'un des premiers, si ce n'est le premier, fournisseur de barriques en chêne français (avec 8 à 10 % des parts de marchés) ». Y expédiant chaque année 3 000 fûts, l'Australie est non seulement le premier marché export de la tonnellerie Saint-Martin, mais aussi son modèle de marché mature. Une réussite qui a valeur d'exemple pour ce tonnelier familial, aussi bien présent à l'export qu'en France, « y compris en Bourgogne » glisse, taquin, Benjamin Macrez. Cette diversité de marchés devrait être consolidée suite au remodelage de l'équipe commerciale de la tonnellerie Saint-Martin, qui accueille depuis ce printemps un ingénieur agronome de Montpellier (Simon Pitoizet pour la Méditerranée et la vallée du Rhône) et depuis cet été une œnologue de Bordeaux (Fabienne Ramaroson pour la façade atlantique).
L'ambition affichée par cette équipe dynamique pose forcément la question de l'approvisionnement en matière première pour une tonnellerie à la production limitée (10 000 fûts produits pas an). Mais le rachat de la merranderie Cognet en 2012 a permis à la tonnellerie d'intégrer l'amont de la filière pour espérer être en capacité d'accroître son sourcing en bois de haute futaie*. Le potentiel de l’outil de production actuel de la Tonnellerie Saint-Martin étant estimé à 15 000 pièces par an, « ce serait plus l'enjeu du recrutement et de la formation des artisans tonneliers qui pourrait limiter le développement de la production » estime Benjamin Macrez, pour qui « la montée en puissance de la tonnellerie doit être progressive, rationnelle, pour ne pas brûler les étapes ». L'une des particularités revendiquée est justement sa maîtrise de la chauffe : « graduée sur un temps long avec des températures basses » résume Simon Pitoizet, pour qui ce savoir-faire permet de répondre au besoin de « régularité du produit, de plus en plus recherché par les vignerons. Avec les aléas climatiques, le fournisseur ne doit pas être un problème en plus ! »
Alors ouvrier tâcheron à la cave coopérative de Buzet, Hubert Saint-Martin a fondé en 1947 sa propre tonnellerie. Actuellement dirigée par son petit-fils, François Saint-Martin, la tonnellerie a conservé sa spécialisation sur les fûts, ne produisant ni produits oenologiques alternatifs (copeaux et staves), ni contenants aux formes atypiques (tronconiques, ovoïdes...).
* : la gamme de la tonnellerie Saint-Martin fait appel aux bois de forêts de l'Allier (dont celle de Tronçais), des Vosges et de Jupilles. L'outil de production actuel de la Tonnellerie Saint-Martin aurait une capacité de 15 000 pièces produites par an.
[Photo : Tonnellerie Saint-Martin]