l'appel du Syndicat général des vignerons de Champagne (SGV), les viticulteurs champenois ont battu le pavé à Chalons-en-Champagne mercredi 5 novembre, aux côtés des agriculteurs. Un événement sans précédent pour le vignoble qui défend, entre autres, le contrat vendanges. Le mot d'ordre était clair: "Lâchez-nous la grappe !" Sur la banderole déroulée par le SGV dans les rues de Chalons-en-Champagne, le message des viticulteurs est bien lisible. "Trop c'est trop", peut-on lire ailleurs, "L'Etat vendange nos vignes" dit encore un panneau distribué par le syndicat. Ce rassemblement "sans précédent" de mémoire de Pascal Férat, président du SGV, a mobilisé plus de 1500 vignerons venus exprimer un ras-le-bol général. Au départ d'Epernay, 22 bus pleins à craquer ont rejoint le lieu de la manifestation pour y retrouver les agriculteurs, eux aussi de manifestation pour un mot d'ordre tout aussi exaspéré: "Laissez-nous travailler!"
Dans les bus, au petit matin, on distribue des bonnets verts. Ils seront le signe de ralliement des vignerons. Pendant le trajet, le syndicat rappelle les consignes par peur des débordements : rester grouper et exclure toute dégradation. Pour s'exprimer, les viticulteurs disposent d'un sifflet, vert lui aussi, dont ils usent allègrement une fois sur place. Vers 10h30, les bus arrivent au point de ralliement, à deux kilomètres de Chalons. C’est alors une ruée verte qui s'avance vers le centre-ville. Au loin, les tracteurs des agriculteurs forment une colonne colorée prête à se lancer dans le vif du sujet. Dans le cortège, les vignerons sont unanimes pour affirmer leur solidarité avec les agriculteurs. Ils viennent aussi pour dénoncer la pression fiscale, les charges sociales trop élevées, la réglementation trop complexe et bien sûr pour défendre le contrat vendanges. "On nous taxe de toutes parts, observe la présidente de la cave coop de Cuchery. Et transmettre est devenu impossible. Quand on est vigneron, on l'est dans l'âme, et on a envie que nos enfants reprennent les vignes." Malgré tout, les manifestants sont conscients d'être des privilégiés. "De tous les viticulteurs, les champenois sont sans doute ceux qui s'en sortent le mieux, martèle Pascal Férat. Mais nous ne voulons pas attendre d'avoir la tête sous l'eau pour nous exprimer."
Une croix symbolisant la mort du contrat vendanges fait le voyage avec eux jusqu'à la Porte Sainte Croix. Mais qu'on ne s'y trompe pas: "nous ne laisserons pas faire, prévient le président du syndicat. Nous ne voulons pas du compte pénibilité et nous tenons au contrat vendanges. Si jamais nous ne sommes pas entendus, la prochaine fois, les bonnets ne seront plus verts comme aujourd'hui, mais rouges!"
Crédits photo : Emilie-Anne Jodier