on petit nom est « Orientus ishidae ». Cette cicadelle, d’origine asiatique, a été capturée dans des vignes atteintes de la flavescence dorée depuis plusieurs années en Suisse. Selon les résultats d’une expérimentation conduite par l’Agroscope de Cadenazzo, celle-ci a été détectée positive au phytoplasme responsable de la flavescence dorée. En d’autres termes, elle est porteuse de la maladie. Ces résultats coïncident avec des travaux de recherche plus anciens conduits en Italie en 2011 : cette cicadelle avait été trouvée pour la première fois positive à la flavescence dorée.
« Contrairement à Scaphoideus titanus*, qui effectue l’ensemble de son cycle biologique à la vigne, les plantes hôtes d’Orientus ishidae sont surtout le noisetier et le saule, précise Mauro Jermini, le chercheur qui a conduit les travaux de recherche. Ce n’est qu’une fois parvenue au stade adulte qu’elle se déplace pour aller chercher de la nourriture, et peut se retrouver dans les vignes ».
Cette cicadelle pourrait donc être un vecteur potentiel de la maladie, au même titre que Scaphoideus titanus, mais cela reste à déterminer. L’équipe de recherche n’a tout d’abord pas encore découvert l’origine de cette « positivité ». Est-ce que cette cicadelle se contamine une fois le stade adulte atteint, en se nourrissant sur un pied de vigne infecté ? Ou se contamine-t-elle en piquant d'autres plantes qui sont porteuses du phytoplasme ? Elle serait alors un « apporteur extérieur » de la maladie dans la vigne. C’est, par exemple, ce qui se passe avec la cicadelle Dictyophara europea, découverte en 2009 en Italie, capable de transmettre le phytoplasme de la clématite à la vigne. Pour Scaphoideus titanus, le cas est différent, dans la mesure où elle le transmet de la vigne à la vigne.
Il reste, par ailleurs, aux équipes scientifiques à vérifier si cette cicadelle est uniquement porteuse, donc incapable de retransmettre le phytoplasme à d’autres pieds de vigne, ou si elle est aussi vectrice de la maladie pour la vigne : « Porteuse ne veut pas forcément dire vectrice, tient à rappeler Mauro Jermini. Il faut maintenant montrer qu’elle est capable d’infecter la vigne. Nous avons de fortes suspicions, mais pas de certitude ». Des essais vont donc être mis en place afin de tester sa capacité à transmettre la maladie, mieux connaître son cycle, ou encore tester si sa présence est constante ou non dans les parcelles infectées. « On ne connaît pas grand-chose à cette cicadelle. Elle fait partie de notre faune, se diffuse sur des territoires ».
D’une façon plus générale, le chercheur pense qu’il faut changer la façon d’aborder la flavescence dorée pour mieux la combattre : « Le développement de cette maladie peut être corrélée à d’autres vecteurs qui n’ont rien à voir avec la vigne, avec donc des traitements inefficaces contre ces derniers, estime celui-ci. Il faut changer notre approche et considérer non pas uniquement la vigne mais ce qu’il y a autour de la vigne. Cette culture, résultat d’une activité humaine, est l’une des composantes du paysage…Avec des interactions qui existent entre elles ! »
* Scaphoideus titanus est plus courament appelée la cicadelle de la flavescence dorée.
(Crédits Photo : ENTAV/INRA)