a viticulture française doit faire face depuis quelques années à un défi de taille : celui du renouvellement de ses exploitations. Selon la Safer, qui a récemment organisé une conférence de presse sur le sujet, environ une exploitation viticole sur quatre (36%) en 2010 n’avait pas de repreneur. Plus préoccupant : cette tendance risque de perdurer, puisque que la moitié des surfaces viticoles était détenue par un chef d’exploitation âgé de plus de 50 ans.
La conséquence de ces difficultés de reprises a impliqué une chute importante du nombre d’exploitations viticoles. Les derniers chiffres connus, issus du recensement agricole de 2010, le rappellent : entre 2000 et 2010, le nombre d’exploitations a chuté de 28%, passant de 98.000 à 70.000, soit 28.000 exploitations viticoles de moins en dix ans. En moyenne, la viticulture perd ainsi 2.800 exploitations chaque année. En comparaison, les chiffres communiqués par la Safer sur le nombre d’installations en viticulture entre 2009 et 2013 font pâle figure. La Safer réalise une moyenne de 240 installations par an, représentant une surface vendue de 1.470 ha. Sur ces 240 installations, la moitié sont des « premières installations » et parmi elles, 80 se font hors du cadre familial.
Les longs cycles viticoles rendent les transmissions difficiles
Parmi les raisons identifiées à cette désaffection, le contexte économique difficile dans certains vignobles est évidemment la première cause. Par ailleurs, la tâche d’installer de nouveaux venus en viticulture est rendue plus complexe que dans les autres filières agricoles : les cycles sont particulièrement longs – droits de plantation à obtenir, repos du sol, préparation, plantation, production après trois ans, durée d’élevage du vin, mise en place de réseaux de distribution, etc - et les capitaux à apporter importants : prix du foncier souvent élevé, coût des travaux et de la plantation, etc.
D’où le recours, de plus en plus, à des montages juridiques et financiers pour permettre la transmission ou l’installation d’un repreneur. « En partenariat avec les autres acteurs de la filière viticole et les collectivités territoriales, les Safer développent des dispositifs innovants qui apportent une contribution déterminante au défi du renouvellement des générations en viticulture », précise la SAFER. La loi d'Avenir a par ailleurs renforcé le rôle « d’opérateur foncier » des Safer, un outil « majeur », selon le ministère de l’agriculture. « Elles deviennent les opérateurs fonciers des espaces agricoles et naturels avec un rôle conforté notamment par un droit de préemption étendu. Leur mode de gouvernance sera désormais plus ouvert », indique celui-ci sur son site internet.
Mais pour savoir si cette nouvelle politique suffira à redonner goût à de nouveaux arrivants de s’installer, il faudra encore patienter quelques années…
[Photo : Coteaux-du-Layon depuis le tènement de Chaume, Alexandre Abellan]