e rachat de l'équipementier oenologique Péra lui ayant ouvert les portes des caves, le groupe Pellenc élargit de nouveau son spectre d'activité avec le rachat de l'entreprise mâconnaise Lauprêtre, constructeur spécialisé dans les tracteurs enjambeurs viticoles*. Alors que le groupe de Pertuis misait plutôt sur le développement de son réseau de distribution (notamment à l'export), il se risque maintenant sur un « marché de niche franco-français », le tracteur pour vignes étroites qui est « déjà bien occupé, pas en expansion, et limité à du renouvellement de matériel » selon les termes de Jean-Marc Gialis, le directeur général adjoint du groupe de Pertuis. Un état des lieux peu aguicheur... Qui n'a donc pas empêché le groupe Pellenc de sauter sur l'occasion d'acquérir le savoir faire d'un acteur spécialisé pour mettre un pied dans les vigne à haute densité. Attendue depuis plusieurs années, cette occasion s'est présentée avec la mise en redressement judiciaire de la société Lauprêtre.
Cette dernière avait atteint un « point de rupture, dû à l'usure de nouvelles normes toujours plus lourdes (notamment pour l'homologation des moteurs) et une production de modèles en dessous des quantités économiques (nombreuses commandes sur-mesures) » estime Jean-Marc Gialis (photo), qui prédit une série de difficultés pour les autres constructeurs régionaux, qui ne « feront pas long feu dans ce contexte, et seront à terme absorbés par les grandes marques ». Rebaptisée Pellenc Haute Densité, la société Lauprêtre travaille actuellement à la fabrication et à l'homologation de son premier tracteur orangé, qui sera présenté au prochain salon Vinitech (2 au 4 décembre à Bordeaux). Il s'agira ensuite pour Pellenc de « rationaliser l'entreprise et homologuer ses modèles à la norme tracteur » résume Jean-Marc Gialis, l'assainissement de l'entreprise laissant ensuite place à une mise à niveau de la gamme aux standards de Pellenc, jusqu'au transfert de matériels Pellenc pour vignes larges à celles étroites (comme les machines à vendanger de la gamme Optimum, etc.). Depuis le rachat de Lauprêtre (« pour une somme modique, les investissements vont venir ces 6 prochains mois »), aucun tracteur n'est sorti de ses chaînes d'assemblage.
D'après les estimations, entre 400 et 450 tracteurs enjambeurs seraient vendus chaque année en France. Le leader de cette niche est le constructeur Bobard (avec 160 à 180 unités), suivi par Tecnoma (groupe Exel Industries). Viennent ensuite de petits constructeurs locaux, comme Lauprêtre, qui représentait 6 à 7 % des parts de marché en volume, avec un chiffre d'affaires qui était monté jusqu'à 6 millions d'euros il y a quelques années.
* : son fondateur, Sébastien Lauprêtre, reste le directeur de l'entreprise.
[Photo de Jean-Marc Gialis : Pellenc]