enaissant, au sens propre, de ses cendres, l'appareil de production du Château de France (Pessac-Léognan) porte l'empreinte de ses propriétaires, la famille Thomassin. Outil à taille humaine, aussi humble que fonctionnel, cette nouvelle cave est en effet bien loin des œuvres ostentatoires qui fleurissent dans le vignoble bordelais, sous couvert d'ambitieuses installations œnotouristiques. Le bâtiment reprend au contraire la simplicité de la cave fondée par Bernard Thomassin en 1993, tout en améliorant son ergonomie, souligne son fils, Arnaud.
Au début de ces travaux se trouve une « mésaventure », un incendie causé le 18 juillet 2011 par un tracteur ayant pris feu dans le local agricole du château de France, et s'étant propagé à la cave attenante. Après une heure, les flammes n'avaient laissé qu'une dalle (1 000 mètres carré) et le sous-sol : le bâtiment agricole et le cuvier étaient redevenus poussière. « Le challenge du projet était de repartir avec une structure existante » se souvient l'architecte Philippe Cordier. « Nous avons passé beaucoup de temps à déterminer ce que nous allions conserver » ajoute l'architecte Marie-Sylvie Gary, « et au final nous avons opté pour une charpente métallique, une superstructure ne portant pas sur la dalle, mais sur ses propres fondations et soutenant les murs (remplissage monomur) ».
Pour Arnaud Thomassin, la modification de la disposition des cuves inox (85 et 134 hectolitres) reste la principale nouveauté de cette cave, qu'il présentait ce 4 septembre à tous ceux l'ayant soutenu dans ce coup dur (pompiers, assureurs, artisans, équipes du château de France et des propriétés voisines...). « Avant les cuves étaient surélevés, il fallait une échelle pour y travailler en hauteur. Maintenant nous les avons mises au niveau du sol, dans la continuité de la réception de vendanges (où tout a été mis au même niveau). » Un agencement qui simplifie l'outil de production et mise également sur un enchaînement gravitaire des opérations (les chais à vins blancs et rouges étant souterrains).
Après trois millésimes expatriés (pour les blancs 2011 au château Haut-Bailly, pour les rouges 2011 et les autres cuvées de 2012 et 2013 au château Fieuzal), les équipes du château de France sont impatientes de mettre leur nouvel outil à l'épreuve des vendanges (qui commenceront dès la semaine prochaine pour les blancs). Disparu en octobre dernier, Bernard Thomassin n'aura pas pu voir la fin des travaux qu'il avait amorcé (et marqué de sa personnalité), ni le retour en ses murs de ses vins, ni la reconstruction du hangar de production (qui devrait prochainement commencer ét être achevé pour 2015).
[Photo : Aperçu de la nouvelle cuverie (Château de France)]