endu au Ministre de l'Agriculture ce début d'été, le plan stratégique de la filière vin pour 2025 tient en 32 pages, 73 mesures et pas moins de 6 541 mots. Décomposant froidement le texte, la statistique lexicale souligne les enjeux mis en avant par les représentants de la filière, ainsi que les thématiques mises en retrait, voire oubliées. Apparaissant 85 fois au pluriel et 39 au singulier, le « vin » est inévitablement le mot revenant le plus dans le texte, suivi par les « mesures » (84 occurrences) et la « filière » (80). Témoignant de la volonté de replacer les vins français à « l'exportation » (12, autant que les « importations »), les « marchés » viennent tout de suite après (41 fois au pluriel, 39 au singulier), avec un focus sur les « entreprises » (29). Si la prédominance des termes « production » et « viticole » ne surprend pas (56 et 52 occurrences), le « développement » (46) résonne comme un appel soutenu à la « croissance » (25), concept restant cependant flou dès lors qu'il est question de la « gestion des autorisations de plantation » (2). Alors que la question de l'étanchéité des autorisations de plantation entre catégories reste posée, « AOP » et « IGP » n'apparaissent que trois fois, les « VSIG » 9.
Si la « recherche » est invoquée 29 fois (et « l'innovation » 11), les préoccupations viticoles actuelles sont à peine évoquées, comme les changements et aléas « climatiques » (6), les « maladies du bois » (4) ou les produits phytopharmaceutiques (évoqués une fois... via « Ecophyto »). Un état de fait « volontaire » nous confiait récemment Bernard Farges, le président de la Confédération Nationale des producteurs de vins et eaux-de-vie de vins à Appellation d'Origine Contrôlée (CNAOC). Selon lui, « il nous manque aujourd'hui, de manière frappante, une gouvernance de la R&D. Le travail sur la maladie du bois en est l'exemple. Chacun y travaille dans son coin et l'on a perdu beaucoup de temps, d'énergie... d'argent sans doute. Il faut travailler à ce que les compétences s'agrègent. » Une gouvernance que le Comité National des Interprofessions du Vin met actuellement en place, et qui pourrait se concrétiser sous la forme d'une plate-forme collective (cliquer ici pour en savoir plus).
Parmi les mots délaissés par ce plan stratégique, on notera sept petites apparitions du « vrac » (soit autant que la « bio »), huit « viticulteurs », trois « pépinières », deux « vignerons », un seul « effervescent »... Seulement trois bassins viticoles sont cités dans le document, par le haut de gamme : Bordeaux, Bourgogne et Champagne. Parmi les absences, on remarquera également celles de catégories professionnelles majeures (« négociants », « courtiers », « fournisseurs »...) et des nouvelles technologies de communication (« internet », « réseaux sociaux »...)
[Illustration : le contenu du plan stratégique de la filière vin vu par Wordle]