e 6 mai, le Conseil d'Etat suspendait l'application de l'arrêté du 23 décembre 2013, qui définissait les modalités de dérogations temporaires à l'interdiction de traitement aérien (conformément à l'article L. 253-8 du Code Rural qui a retranscrit la directive européenne 2009/128/CE). Répondant aux inquiétudes d'associations écologistes antillaises (qui jugeaient l'arrêté trop laxiste), la plus haute juridiction administrative a poussé le gouvernement à se pencher de nouveau sur ce sujet épineux. Fin mai, Ségolène Royal, la ministre du Développement Durable annonçait sa volonté de signer, avec les ministres de la Santé (Marisol Touraine) et de l'Agriculture (Stéphane Le Foll), un arrêté « interdisant l'épandage aérien de pesticides pour l'ensemble des cultures » (avec un délai de 18 mois pour la vigne).
Mais c'est encore un autre projet d'arrêté qui a été mis en consultation publique par le ministère de l'Agriculture (jusqu'au 15 juillet dernier), qui précise « que les solutions alternatives à l’épandage aérien ne sont pas restreintes à la lutte intégrée », qui supprime « le terme « la sécurité et de la protection des opérateurs » dans les critères justifiant l’octroi de dérogation » (possibilité qui avait focalisé les critiques écologistes), qui précise « les conditions particulières d’applications, notamment au regard des conditions météorologiques »... Pour la vigne, le recours à la pulvérisation aérienne devra être justifiée par tout « élément susceptible de justifier que [le danger menaçant le végétal] ne puisse pas être maîtrisé par d'autres moyens que l'épandage aérien (pente et dévers des zones, portance des sols, urgence) » et dans le cadre de la « lutte contre les maladies cryptogamiques (mildiou Plasmopara viticola, oïdium Erysiphe necator, black-rot Guignardia bidwellii), contre les tordeuses de la grappe (Cochylis Eupoecilia ambiguella, Eudémis Lobesia botrana, Eulia Argyrotaenia ljungiana) et contre la cicadelle vectrice de la flavescence dorée (Scaphoïdeus titanus) ». Dans l'article 20 du projet mis en consultation, une date de fin des traitements aériens apparaît désormais : le 31 décembre 2015.
L'an passé, le vignoble français a bénéficié de 19 dérogations pour des traitements aériens, représentant 2 131 hectares (loin derrière les 8 376 hectares de bananiers et 5 342 hectares de rizières). « En 2014, les dérogations ne concernaient plus que quelques surfaces en vigne et en riz » précise le ministère de l'Agriculture. Ayant demandé des dérogations de 2011 à 2013, Blandine Charlier (AirChampagne) n'a pas posé de dossiers en 2014. S'étant reconvertie dans les loisirs en ULM, elle a été contrainte d'arrêter son activité de prestataire de services viticoles à cause « de dérogations de plus en plus tardives et d'un nombre de plus en plus faibles de produits, qui ont fait que nos clients ne pouvaient plus être sûrs de notre capacité à traiter rapidement et efficacement. C'est dommage, les hélicoptères ont été remplacés par des chenillards, qui poseront à terme des questions de contacts aux phytosanitaires... »
* : ces associations sont l'Association pour la Sauvegarde et la Réhabilitation de la Faune des Antilles, EnVie-Santé et l'Association des Mateurs Amicaux des Z'Oiseaux et de la Nature aux Antilles.
[Photo : AirChampagne]