i un défi est, par définition du Larousse, un « problème », une « difficulté que pose une situation et que l'on doit surmonter », le réseau de fermes Dephy propose quant à lui des solutions à un challenge particulièrement d'actualité pour la filière viticole française : « moins traiter les vignes pour répondre aux évolutions rapides souhaitées par les services de l'Etat (sous la pression du public) » résume Patrick Vasseur (élu FNSEA de la Chambre Agriculture de Gironde), ajoutant que les vignerons s'y retrouveront également économiquement, prenant le propre exemple de son exploitation en Agriculture Raisonnée (descendue à 4,5 traitements par campagne pour mildiou/oïdium).
Pour montrer aux vignerons bordelais les résultats de 4 ans d'essais, la CA 33 organisait ce 24 juillet des ateliers de démonstration au château Queyssard (60 hectares de vignes à Pompignac). La mise en place d'un témoin non traité a particulièrement intéressé les participants, ces deux rangs non traités au sein d'une parcelle (certains pieds pouvant être bâchés pour éviter tout effet de dérive lors des pulvérisations) permettant de suivre la pression sanitaire réelle de son vignoble, et d'en piloter la protection en fonction. « L'intérêt est de voir les premiers symptômes, il faut des zones représentatives et sensibles » note Etienne Laveau (conseiller viticole CA33), qui rappelle que « les rosiers et les chênes ne sont que des indicateurs de conditions propices à l'oïdium, ils sont touchés par une souche différente de celle de la vigne ». Responsable du réseau Dephy Gironde Ouest (10 domaines et 3 lycées agricoles), Jean-Baptiste Meyrignac juge que le témoin non traité devient rapidement un outil de pilotage indispensable aux vignerons l'ayant essayé (« évidemment en complément du Bulletin de Santé du Végétal »), tout en soulignant que l'optimisation de la pulvérisation est surement la première étape incontournable pour réduire sa consommation de produits phytopharmaceutiques.
« Beaucoup de viticulteurs ne connaissent pas leurs appareils, et pensent que leurs pulvés sont réglés après le contrôle technique... Il faut réaliser des réglages en début, milieu et fin de saison : de nombreux paramètres changent et sont à prendre en compte. Encore plus avec la problématique des dérives en zone périurbaine ! » estime le conseiller viticole. Si les essais de panneaux récupérateurs donnent des résultats environnementalement intéressants (plus de 40 % de récupération pour DHUGUES, 35 % pour LIPCO...), l'impact économique est plus discutable (le temps de chantier étant quasiment doublé). « Les panneaux récupérateurs sont le top pour la dérive, mais le coût pousse à chercher des solutions intermédiaires. Par exemple mettre des buses anti-dérive à injonction d'air sur le haut d'un pulvérisateur à jets portés, pour grossir les gouttes en hauteur et limiter leur dérive » explique Alexandre Davy (ingénieur IFV), qui a essayé ce montage sur le matériel du château Queyssard (photo).
[Photo : atelier « Pulvérisation optimale pour une protection réussie » ce 24 juillet au château Queyssard]