ur le vignoble du Languedoc-Roussillon, « les contraintes hydriques potentielles sont assez fortes cette année, avec un printemps sec particulièrement accentué dans l'Hérault et autour de Bézier. Dès que l'on se rapproche du littoral, le risque est élevé » note Xavier Delpuech, ingénieur à l'Institut Français de la Vigne et du Vin de Rodilhan (Gard). Cet état de sécheresse précoce inquiète particulièrement et souligne l'intérêt de suivre de manière normalisée l'état d'alimentation hydrique de la vigne pour en piloter le stress hydrique. C'est tout l'objet de l'outil de modélisation de la fraction d’eau du sol disponible pour la vigne développé par l'IFV, en partenariat avec l'Institut National de la Recherche Agronomique. Mise en ligne en 2011 (et accessible gratuitement, sur simple inscription), cette plate-forme utilise des données météorologiques à l'échelle kilométrique (fournies par Météo France) et le modèle de bilan hydrique WaLIS* (qui simule la dynamique quotidienne de prélèvement d'eau par la vigne).
Permettant de comparer le risque encouru actuellement à celui de précédents millésimes (en remontant jusqu'en 2009), « ces cartes apportent une information précieuse. Mais qu'il faut compléter par une connaissance des parcelle et des observations terrains pour être correctement utilisée » prévient Xavier Delpuech. L'outil repose en effet sur des modèles de sols virtuels, définis selon leur réserve hydrique (de faible à élevée selon leur profondeur et leur texture, plus ou moins séchante). La bonne connaissance de la sensibilité de ses parcelles à la sécheresse reste un prérequis essentiel pour pouvoir utiliser convenablement l'outil. Le site de l'outil met ainsi en garde : « les cartographies sont données à titre indicatif et leur utilisation se fait sous la seule responsabilité de l’utilisateur ». Ces précautions d'usage en tête, ces informations permettent le piloter le vignoble, selon le stade phénologique de la vigne, principalement avec la gestion de l'enherbement (voire de l'irrigation), mais aussi « à la marge avec le travail du sol (''un binage vaut deux arrosages'') et le rognage » ajoute Xavier Delpuech.
Le Languedoc-Roussillon a servi de région de test pour la réalisation de ces cartographies. « Ce modèle est disponible pour les autres régions, en fonction des demandes. À ce jour il est utilisé en Alsace et en Val de Loire » précise l'expert de l'entretien des sols.
* : mis au point par les chercheurs montpelliérains Florian Celette, Aude Ripoche et Christian Gary en 2010.
[Illustration : Fraction d'eau disponible dans le sol pour la vigne (FSTW au 14 juin pour un sol avec une réserve hydrique moyenne), échelle allant de Fraction of the Transpirable Soil Water = 0 (pas ou très peu d’eau disponible pour la vigne : risque de contrainte élevé) à FTSW = 1 (réserve en eau du sol complètement rechargée : risque de contrainte faible à nul) ; IFV]