n une décennie, la logistique des vins et spiritueux a muté, ayant réalisé un véritable bond en avant à en croire Paul Tesson (responsable logistique pour Dartess, le leader français de logistique des vins). Selon lui, « le métier se professionnalise, on est passé de bougeurs de palettes (expédiant des palettes entières) à des opérations de plus en plus fines (à l'échelle de la bouteille). Le travail est de plus en plus flexible, pour suivre la demande de nos clients. » Sophistication et précision ont progressivement fait passer le site de Blanquefort du groupe Dartess du simple entrepôt de vins à la plate-forme de prestation de services. En accord avec le développement du e-commerce (sites de vente en ligne, services ''drive'' de la grande distribution...) qui contracte le temps séparant la commande et son expédition, dans une logique de sur-mesure et d'instantanéité. Pour suivre l'évolution de la distribution, Dartess mise également sur l'expertise pour devenir force de proposition dans la rationalisation des services de logistique, et les sous-traiter in fine.
Directeur général du groupe Dartess, Frédéric Lanteri y voir la meilleure façon de « décharger le vigneron des tracas et coûts fixes d'une structure connaissant une activité saisonnière (et très variable d'une année à l'autre), qu'ils puissent mettre la valeur ajoutée sur la qualité de leurs produits ». La solution de stockage/expédition de Dartess s'élèverait ainsi entre 30 et 50 000 euros par an pour un château. L'externalisation de l'activité logistique tente également des négociants comme la maison Mähler Besse, qui a opté depuis septembre 2013 pour un personnel dédié et une cellule de 3 000 mètres carré chez Dartess. Véritable bunker, cette cage de sécurisation rappelle la valeur de ces rangées de stock. Sur les 100 000 mètres carrés d'entrepôts des neuf sites de Dartess on trouve pour 900 millions d'euros de vins. « Sur les dépôts de grands crus, il y a plus de valeur au mètre carré qu'en bijouterie. On triche un peu en stockant sur cinq mètres de haut ! » s'amuse Paul Tesson.
Si le secteur français de la logistique des vins reste atomisé, et que Dartess en est le leader incontesté, le groupe a la volonté d'asseoir sa position pour mieux la faire connaître (et pourquoi pas s'implanter à terme dans d'autres vignobles que celui girondin*, qu'ils soient français ou étrangers). En commençant par un plan d'investissement sur 2014-2015 pour rénover, réorganiser et mettre aux normes ses entrepôt (comme les 4 hectares de l'entrepôt en béton cellulaire de Blanquefort, qui embouteille notamment 13 millions de cols par an). Cette stratégie se double d'une réorganisation interne du groupe en six pôles distincts, ce qui met un terme à la phase de mise en place du groupe Dartess (somme successive des entités Cordier, Barton et Guestier, Calvet... et Mitsiu fin 2010). Un succès pour ses dirigeants malgré la mise en procédure sauvegarde de la société Dartess (l'une des 4 filiales du groupe éponyme), une « procédure de gestion technique pour renégocier ou dénoncer des contrats très engageants » selon Frédéric Lanteri.
En 2013, le groupe Dartess a traité 150 millions de bouteilles et a réalisé un chiffre d’affaires de 16 millions d'euros, pour moitié réalisé par l'activité de logistique négoce (sur les 350 clients de Dartesse, 150 sont des négociants), pour un tiers par les stocks de propriétés (réception, entreposage, embouteillage, habillage et expédition de vins) et le restant pour l'e-logistique (Cdiscount, VentePrivée, 1 jour 1 vin... valeur en hausse de 25-30 % chaque année). Ce chiffre d'affaires serait « cinq à six fois plus important que le deuxième logisticien des vins de Bordeaux » estime Frédéric Lanteri
* : si les clients de Dartess sont essentiellement girondins, les gammes de vins et spiritueux entreposées viennent du monde entier (sous oublier toutes les autres boissons alcoolisées gérées pour Cdiscount).
[Photo : Frédéric Lanteri et Paul Tesson ce 18 juin devant la cellule ''Mähler Besse'' de son entrepôt de Blanquefort]