abitués à sortir des profondeurs des tunnels cisterciens d'Urville, au terme de leurs élevages sur lattes, les vins de Champagne de la maison Drappier viennent de s'essayer à la plongée sous-marine pour leur élevage. 660 cols de champagnes ont en effet été immergés pendant un an à Saint-Malo, sous la houlette du caviste Yannick Heude (cave de l'Abbaye Saint-Jean), qui préside l’association Immersion. Depuis 10 ans, il met en pratique son idée que « le fond de mer constitue la cave idéale », immergeant toutes les années 600 bouteilles pour les repêcher une année plus tard.
Les 600 bouteilles de Champagne Drappier Brut Nature zéro dosage et les 60 bouteilles de Grande Sendrée 2005 ont ainsi été plongées à 15 mètres de profondeur, « afin de faire un test d’élevage à une température de 9 à 10°C ». Dégustée au pied de la tour Solidor, cette vendange marine montre que « le champagne immergé présente une couleur plus foncée, plus jaune et une effervescence moins vive », une tendance qui accrédite « l’idée que l’immersion accélère le processus d’évolution » rapporte un communiqué. Absent lors de cette dégustation, le président de la maison familiale Drappier, Michel Drappier, estime que les dégustations comparatives ne seront significatives que dans un à deux ans. Les comparaisons des dix dernières années attestent déjà d'une « conservation de la fraîcheur et de la générosité des tanins, avec un gain en maturité et en rondeur ».
Si des vignerons s'essaient à l'élevage de leurs vins sous l'eau (comme Emmanuel Poirmeur à Saint-Jean de Luz), cette expérience n'est pas sans rappeler la découverte en Finlande, lors de l'été 2010, de bouteilles de champagnes emprisonnées dans une épave depuis 1780 (cliquer ici pour en savoir plus).
[Photo : Maison Drappier]