Jusqu'ici, tout va bien" semblait souffler le vignoble bordelais, connaissant ce printemps 2014 une fleur "normale". Mais, patatras!, entre deux accès de canicule les orages de grêle se sont invités, déchiquetant et lacérant les vignes médocaines dans la nuit du dimanche au lundi de la Pentecôte. Conseillers et consultants viticoles sont désormais sur le pied de guerre pour estimer dans les jours qui viennent les dégâts causés le long des appellations de la rive gauche. La supercellule orageuse qui a touché le littoral Nord de la Gironde a également causé de gros dégâts dans le vignoble de Cognac (déjà touché la veille).
S'il est encore trop tôt pour connaître l'ampleur du désastre médocain (2 000 hectares seraient concernés), et le comparer au drame d'août dernier (5 000 hectares intégralement ravagés dans l'Entre-deux-Mers), nul doute qu'il en aura les mêmes répercussions : le retour sur le devant de la scène des débats sur les assurances récoltes. Suite aux violents orages de 2013, et à la visite du ministre de l'agriculture, un travail national avait été ouvert pour mettre à plat les modalités assurantielles propres à la viticulture. Ces discussions évoquaient dernièrement une solution socle, critiquée et d'avance refusée par la Coordination Rurale qui y voit "une assurance obligatoire déguisée" et une "liberté de choix bafouée".
Alternative ou complément aux assurances, la question des canons anti-grêle se pose par leur approvisionnement en iodure d'argent dans le bordelais. L'Association Départementale d'Étude et de Lutte contre les Fléaux Atmosphériques de la Gironde (ANELFA) connaît en effet des difficultés financières et les rumeurs vont bon train, parlant de canons au chômage technique faute de matière première. En automne dernier, le Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux et le Conseil Général avaient demandé un audit sur l'efficacité du réseau avant tout déblocage de fond. Cette étude n'a pas encore été conduite, mais les canons devraient bien être en mesure de fonctionner le long de cette campagne.
[Photo : formation de la supercellule orageuse du 7 juin 2014, Xavier Montaut (Observatoire Français des Tornades et Orages Violents, Keraunos)]