Soumis à chaque branche agricole française (de l'élevage aux céréales en passant par le tabac et...

Objectif 2025 : dessine-moi un plan stratégique de la filière vin

oumis à chaque branche agricole française (de l'élevage aux céréales en passant par le tabac et les plantes à parfum), le sujet d'examen laissait place à la créativité : « imaginer une stratégie pour une agriculture plus compétitive au service des hommes à l'horizon 2025 ». Initiée fin 2013 par le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, cette réflexion stratégique aboutit actuellement sur la remise des plans d'avenir de filières. N'ayant pas rendu sa copie début juin la filière viticole française est en train de fixer son rattrapage pour la semaine prochaine. Président du Conseil Spécialisé vin de FranceAgriMer, Jérôme Despey devrait se rendre au ministère le 19 juin prochain. Si son grand oral se passera pendant le baccalauréat, le suspens sera absent de cet examen, les grandes lignes du plan stratégique étant déjà connues (après avoir été adopté l'unanimité par le Conseil Spécialisé). On conna$it ainsi la demande de classer en causes nationales les luttes contre la flavescence dorée et les maladies du bois. La volonté de mettre un terme aux inégalités régionales face à la chaptalisation reste pour l'instant un voeu pieux.

Alors qu'il s'agit du nerf de la guerre pour définir le vignoble français des dix prochaines années, la version finale du texte n'abordera pas frontalement la question du potentiel de production, puisqu'il manque toujours le détail de la directive européenne pour en imaginer l'application des autorisations de plantation. Il semble par contre que la volonté gouvernementale de donner plus de poids aux conseils de bassin dans la gouvernance de la filière n'ait pas été reprise par les représentants viticoles, qui sont partisans de laisser le pouvoir de décision aux interprofessions, sur proposition des Organismes de Défense et de Gestion. Une co-gestion qui ne convient pas entièrement au négoce, qui souhaiterait être impliqué directement dans le pilotage des ODG. « S'agissant d'une décision économique, nous voulons que ce soit l'interprofession qui décide de la gestion du potentiel, ce qui veut dire que les deux familles, production comme négoce, peuvent s'opposer à une décision en cas de désaccord » exige le négociant Michel Chapoutier (Maison M. Chapoutier de Tain l'Hermitage), qui envisage de porter l'affaire au niveau européen s'il n'y a pas d'avancée significative (cliquer ici pour en savoir plus). Cette montée au créneau n'a pas été acceptée par la production, qui rappelle que le négoce intervient dans les interprofessions, qui valident ou non les propositions des ODG.

Sur les 21 objectifs adoptés par le Conseil Spécialisé vin de FranceAgriMer, les Vignerons Indépendants de France retiennent deux enjeux : « la recherche de la croissance en valeur et en volume par le développement des parts de marché à l’exportation » et « le maintien d’un marché national fort, durable, en phase avec les attentes sociétales tout en soutenant un tissu productif et économique compétitif ». Président de la cave coopérative des Hauts de Gironde (Tutiac), Stéphane Héraud résume ainsi la volonté du plan stratégique : « se positionner sur tous les segments (sans plus délaisser les vins de base pour brandies et mousseux, les vins sans indications...), clairement identifiés et cloisonnés pour ne pas pertuber les autres catégories ».

Si la version du texte actuellement publié reste vague (notamment au niveau du calendrier), son premier jet synthétique est disponible en cliquant ici.

 

 

 

[Illustration : le buveur (astéroïde B 327), extrait du Petit Prince d'Antoine de Saint-Exupéry]