Pour l'instant, ça va ! » Une exclamation de soulagement que nombre de viticulteurs de la côte atlantique peuvent partager avec Laurent Bernos, le directeur du Service Vigne et Vin de la Chambre d'Agriculture de la Gironde. Présentant ce 2 juin l'avancée phénologique et l'état sanitaire du vignoble à la Fédération des Coopératives Vinicoles d'Aquitaine, le conseiller viticole dressait un panorama optimiste. Seuls quelques plantiers ont été victimes de gel hivernal (entraînant des difficultés de reprise), les orages de grêle sont restés sans conséquence (les vignobles de Blaye, du Médoc et de Monestier ont cependant été touchés) et le vent n'aura brisé des rameaux que dans certains couloirs de Dordogne et de Gironde. On notera cependant que « certaines vignes sont un peu jaunes à cause d'asphyxies racinaires », ce début 2014 ayant été marqué par d'importantes précipitations, d'un niveau légèrement inférieur ou supérieur à 2013 selon les zones, mais globalement « à l'inverse de la tendance de la dernière décennie, où il y avait tendance au déficit hydrique »
Après un débourrement précoce en début de saison, qui rappelait le millésime 2011, cette avance a été perdue pour revenir à des « niveaux plus classiques ». Débutant tout juste, la floraison des vignes d'Aquitaine est lente mais prometteuse : « la sortie de grappes est normale, sans être excessive, elle sera suffisante pour atteindre des rendements corrects » avance Laurent Bernos. « A priori on se trouve dans de bonnes conditions, mais il faut attendre de voir les conditions de floraison pour juger de la qualité ». Après la pluie et les faibles températures ayant entaché la floraison de 2013 (et entraîné une coulure encore plus dévastatrice que les orages de grêle de l'été), la prudence est en effet de mise. Pour l'instant, le réseau des Chambres d'Agriculture rapporte seulement des hétérogénéités en Jurançon et du filage sur sémillon en Dordogne.
Le même optimisme règne au sujet de la pression phytosanitaire, sur la « période critique qu'est mai-juin » Laurent Bernos estime que le mildiou est « très bien contrôlé » (malgré une expression précoce il n'y a pas de foyers épidémiques à déplorer), l'oïdium reste anecdotique, les ravageurs ont également un impact limité (érinose visible, premières générations de cicadelles vertes, vers de la grappe...). Seul le black rot est particulièrement visible cette année, « la sortie est plus importante que d'habitude, mais l'arsenal chimique et technique permet de le gérer » balaie le conseiller viticole.
[Photo : vignes girondines en fleur (Alexandre Abellan pour Vitisphere)]