a communauté internet (et donc internationale) des amateurs de vins s'est enflammée cette première quinzaine de mai : le site de vente en ligne VentePrivée annonçait la mise en vente de lots de château d'Yquem. Alors que les passionnés se mettaient sur les starting blocks pour espérer acheter à bon prix une bouteille du prestigieux premier grand cru classé de Sauternes. Mais au dernier moment, cette vente a été reporté sine die, à la déception des amateurs, à la satisfaction des distributeurs traditionnels de vins. Pour eux le souffle du boulet n'est pas passé bien loin, montrant que le bastion des crus mythiques ne leur était plus réservé.
Face à cette tendance des « ventes bradées par internet », les cavistes français sont ouvertement « rentrés en phase de résistance active », comme l'annonçait résolument le Syndicat des Cavistes Professionnels dans une lettre envoyée aux cavistes et fournisseurs cette fin mars. Le casus belli est venu du dirigeant de VentePrivée lui-même, Jacques-Antoine Granjon, qui estimait lors du salon parisien de la franchise que sa « stratégie reposait sur la vente des mêmes produits que les réseaux traditionnels à des prix inférieurs de 40 % ». Scandalisés par cette stratégie parasitaire « qui repose sur la commercialisation au grand public de produits vendus par ailleurs par les réseaux prescripteurs », les cavistes se disent écÅ“urés de voir les prix bradés alors qu'ils « assurent le travail de valorisation auprès des clients ». Le SCP ne s'en prend cependant pas qu'à VentePrivée, regrettant également la stratégie « opportuniste » et « destructrice » du site Showroom, « bradant à 10 jours de Noël à -30%/-40% des références par ailleurs vendues chez les Cavistes ».
Les cavistes disent cependant comprendre la « cascade de réorganisations économiques, sociales, consuméristes » liés au développement de l'économie numérique. Directeur de La Vignery, le caviste Jerôme Guilluy estime ainsi que « l’arrivée du e-commerce est comparable à l’arrivée du train ou de l’avion. Nous ne l’arrêterons pas, par contre nous pouvons y apporter toute notre différence, tout notre savoir-faire ». Ne se laissant pas abattre, il appelle à ne pas avoir « peur des pures players opportunistes du commerce web et profitons plutôt de cette opportunité qui nous est donnée d’encore plus nous fédérer autour de cette nouvelle-forme de commerce pour en faire bénéficier tous nos clients ».
[Illustration : Vin et Société]