Le problème du marché brésilien, c'est la plata ! » résumait le chef-sommelier italien Danio Braga (qui a fondé au la Fédération des Sommeliers du Brésil). Malgré le développement d'une classe moyenne et « l'absence de barrières culturelles ou religieuses qui empêchent la consommation du vin » la consommation brésilienne de vins stagnerait depuis une trentaine d'années à 2 litres de vin par an et habitant à cause des « prix, qui font toute la difficulté des ventes au Brésil ». Sur le papier, le Brésil aurait dû connaître depuis longtemps une flambée de sa consommation de vins d'une intensité comparable à celle de la Chine. Mais dans les faits, ce marché fait face aux mêmes entraves que l'Inde : le coup massue d'une lourde fiscalité.
« Le plus grand obstacle pour augmenter la consommation de vin au Brésil, c'est le gouvernement : qui considère le vin comme superflu, ne faisant pas partie des exigences, ni même des habitudes alimentaires de la population » notait amèrement Danio Braga ce 18 mai, à l'occasion du concours de dégustation des Citadelles du Vin. Décortiquant la structure fiscale brésilienne, il expliquait que les taxes se cumulaient, d'abord les impôts fédéraux (20,32 %), puis ceux de l'état (20,22 %) et la taxe municipale (0,1 %), pour arriver à 42,62 %. Dans le cas d'une bouteille coûtant 10 euros (prix départ cave) en France, son prix de vente au Brésil s'élèverait à 75 € (frais d'importation, taxes et marges brutes de profit...). Avec des prix aussi élevés, la consommation brésilienne de vins importés reste focalisée sur l'état/ville de São Paulo, qui concentrerait la moitié des volumes consommés dans le pays. D'où une activité d'importation de vins encore limité, les vins chiliens et argentins continuant de la dominer grâce à leurs accords douaniers (1/3 des taxes pour le Chili, dédouanement complet pour l'Argentine). Pour Danio Braga, ce statu-quo est non seulement « un obstacle à une consommation plus élevée de ceux sont déjà des amateurs de vins, mais aussi un obstacle pour captiver de nouveaux consommateurs ».
[Photo : Danio Braga ce 18 mai à l'hôtel Burdigala (Bordeaux)]