remier certificat d'origine délivré par le gouvernement chinois, le Protected Eco Origin of Products (PEOP) est déjà mis en place pour les produits agroalimentaires chinois, à titre expérimental, ce label va prochainement être proposé aux vins français, avant d'être généralisé à d'autres catégories de produits agroalimentaires importés en Chine (cette décision datant du troisième Congrès sur la sécurité alimentaire de la République Populaire de Chine). Si les bouteilles de vins français bénéficient de ce galop d'essai, c'est que leur contrefaçon en Chine « est une problématique qui persiste, malgré tous les efforts gouvernementaux. Le résultat n'est pas tout à fait satisfaisant » reconnaît Chaoying Ma, président de Beijing Land Bridge (mission d'audit et de certification pour le ministère chinois du commerce extérieur). Leaders incontestés du marché des vins importés en Chine*, « les vins français ont le privilège d'être très contrefaits... à un niveau difficile à estimer » confirme Dominique Gresland, le directeur des opérations d'Advanced Track & Trace (ATT), la société retenue pour le déploiement technologique français (puis européen) du label PEOP.
Achevant sa tournée dans le vignoble français à Bordeaux (après des escales en Champagne et Bourgogne), la délégation officielle de la CAIQ a pu prendre à la source les attentes des producteurs et exportateurs. Opérateurs qui sont cependant restés sur leur faim, le projet semblant encore loin d'être finalisé. Les coûts d'utilisation de ce label ne sont ainsi pas arrêtés, tout comme les critères de la certification. Sans pouvoir fournir plus de détail, Chaoying Ma annonce que « le noyau dur du PEOP est l'écologie, l'origine et la protection ». Restent également à déterminer les possibilités d'équivalence entre des démarches préexistantes de traçabilité et la certification du label PEOP (qui durerait trois ans, après un premier audit). Reposant sur une démarche volontaire, le label PEOP reste un « moyen d'assurer en Chine une importation légale garantissant la qualité et l'origine des vins français, ainsi que les intérêts des producteurs et des consommateurs » assène Xinshi Li, le président de l'Académie Chinoise pour l'Inspection et la Quarantaine (CAIQ). Dominique Gresland ajoute que le label « n'est pas destiné qu'au consommateur final, mais suit de bout en bout la chaîne de distribution », dès l'étiquetage (le label PEOP n'est pas destiné aux vins en vrac).
Alors que vient de rentrer un vigueur la nouvelle législation chinoise sur la protection des marques et de la propriété intellectuelle, la Chine prépare également une réforme de ses pratiques douanières. Xinshi Li rapporte ainsi que « nous sommes en train de vivre en direct la réforme des modalités de dédouanement, sous la forme des ''trois uniques'' ». Si le passage des douanes chinoises devrait s'en trouver facilité pour tous les vins, un avantage du label PEOP devrait être de diminuer « considérablement » les durées nécessaires de dédouanement des vins envoyés en Chine (moindre inspection, vérifications allégées...). La mise en place du PEOP arrive également après une déclaration d'intention franco-chinoise pour lutter contre la contrefaçon des vins et spiritueux français. Annoncé ce 22 avril, à l'occasion de la visite à Pékin de Fleur Pellerin, la secrétaire d'État chargée du commerce extérieur, cet accord devrait consacrer le Document Administratif Electronique (DAE) comme outil anti-contrefaçon pour l'export vers la Chine (cliquer ici pour lire le communiqué de la Direction Générale des Douanes et Droits Indirects sur le sujet).
* : ils représentent plus de la moitié des volumes de vins importés en Chine.
[Photo : détail de la conférence du 6 mai 2014, au château Smith Haut-Lafitte]