ans son ouvrage VinoBusiness (éditions Albin Michel), la journaliste Isabelle Saporta n'est pas allée de main morte dans la critique du classement 2012 des vins de Saint-Emilion. Dédiant plusieurs chapitre au « scandale », elle fait de Hubert de Boüard une éminence grise tenant les rênes de Saint-Emilion (« quand Hubert ordonne au syndicat, tout le monde s'exécute »), « pour créer son classement » et servir ses intérêts de consultants et de vignerons (« un seul but : faire passer son vin, l'Angélus premier grand cru classé A »). Ces accusations valent à Isabelle Saporta une attaque en diffamation du copropriétaire du château Angélus (rebaptisé à l'occasion « Hubertus Genius » ou « petit Machiavel du vin »), ainsi qu'une mise au point de l'Institut National de l'Origine et de la Qualité (INAO). Regrettant « certaines déclarations récentes pouvant porter à confusion », l'INAO vient de sortir de sa réserve pour défendre le classement des Grands Crus de Saint-Emilion qu'elle a mis au point en 2011 et 2012.
L'institut précise ainsi que l'arrêté interministériel fixait, dès juin 2011, les grilles de notation des candidatures, soit « six semaines avant que les candidats puissent retirer leurs dossiers de candidatures ». Isabelle Saporta rapportait au contraire que « les châteaux les ont découvertes en juin 2012, soit huit mois après la remise de leurs dossiers ». La journaliste estime également que « la grille a été spécialement conçue pour convenir à quelques-uns », ajoutant que l'on y note « chai, travaux, parking, salle de séminaires, mais au fait, et le goût dans tout ça ? […] Il ne compte que pour 50 % de la note des grands crus classés et pour 30 % seulement des premiers grands crus ». Elle s'amuse ainsi que « les amateurs de vins seront ravis d'apprendre qu'en dégustant un verre de d'un grand cru classé […] ils savourent un peu de son merveilleux parking et de ses salles à louer ».
Ne goûtant pas d'être qualifié de « vrai-faux arbitre », l'INAO défend des critères de notation « approuvés par une commission de classement indépendante, constituée de personnalités et d’experts du monde viticole, hors bordelais », et donc hors-conflit d'intérêts. Déclinant la grille de notation, l'institut confirme que la notoriété de l’exploitation représentait 20 % de la note pour les candidats au titre de grand cru classé (« dont 0,2 % accordé au parking… ») et 35 % pour les premiers grands crus classés. Mais l'INAO ajoute que les premiers grands crus classés ont d'abord dû être reçu comme grands crus classés avant d'être évalués.
[Photo : Conseils des vins de Saint-Emilion]