asard du calendrier, alors que le Royaume-Uni est en passe de mettre un coup d'arrêt à la traditionnelle hausse annuelle de la TVA des boissons alcoolisées (la hausse serait en effet gelée pour les spiritueux et limitée à 3 % pour les vins selon la revue Harper's) et que la France n'envisage plus de révision de la fiscalité des vins (du moins dans le cadre d'une fiscalité dite comportementale), l'Espagne envisagerait au contraire de réviser à la hausse sa taxation des vins. Dans le cadre du plan de réforme budgétaire, le comité d'experts piloté par le Trésor espagnol estime « raisonnable d'envisager la nécessité d'augmenter progressivement les taxes sur les boissons alcoolisées ». Prévoyant une levée de boucliers de la filière (en 2013, la hausse de la TVA sur les boissons alcoolisées avait soigneusement mis de côté le vin et la bière), les experts se sont placés sous l'inspiration d'un « taux d'imposition très bas sur le vin, comme celui qui a été adopté récemment en France » (proposition 85 de leur projet tel que publié par l'Expansion).
Même avec cette approche modérée, la proposition n'a pas manqué de provoquer l'opposition unanime de la filière et de nombreux représentants politiques, comme le rapporte le site Agroinformacion. La Fédération Espagnole du Vin vient de résumer la position du vignoble face à ce projet qui « manque de la rigueur nécessaire à une question d'une telle envergure, et qui repose sur une argumentation idiote [...] alors que la consommation espagnole de vins atteint des niveaux historiquement bas, malgré un impôt nul ». Le risque d'accentuer la baisse de la consommation domestique avec une hausse de la taxation est d'ailleurs présente dans la proposition, les experts précisant qu'ils souhaitent « se rapprocher de la moyenne de taxation communautaire, tout en prenant garde aux possibles évolutions de la demande ». Réunie ce 20 mars, la Conférence Espagnole des Organismes de Réglementation Vitivinicoles (photo) vient de rejoindre la fronde en estimant que ces propositions témoignaient d'une méconnaissance totale de la filière, « dont les membres ne ménagent pas leurs efforts pour lutter contre les excès de consommation : l'éducation est le moyen le plus efficace pour promouvoir une consommation appropriée ».