013, année de (quasiment) tous les records pour l'Espagne viticole ! Avec une production inégalable (50,6 millions d’hecolitres de vins) et une valorisation de haute volée à l'export (2,6 milliards d'euros), la péninsule ibérique peut s'enorgueillir de ce bon millésime. Tout en reconnaissant les réussites de l'Espagne par rapport au reste de l'Europe viticole, le dernier rapport de la Rabobank nuance cependant ces performances, s'alarmant notamment des difficultés à pénétrer les marchés lointains, alors que croissent les exportations de vins espagnols d'entrée de gamme vers l'Italie et la France (plus du quart des volumes expédiés par l'Espagne vers un « marché structurellement déclinant »).
Pour « construire ses exportations au-delà de l'Union Européenne », la filière ibérique doit d'abord « construire des marques reconnues internationalement est la clé d'un succès durable » selon les experts de la banque néerlandaise, qui n'arrivent cependant pas à trancher sur une stratégie, conseillant « soit en augmentant sa production de cépages internationaux (cabernet sauvignon, merlot...) ou en construisant une demande à l'export pour ses cépages traditionnels (comme le tempranillo, le mieux positionné actuellement) ». Prenant le cas de la région de Castille La Manche, ce rapport constate le gâchis : « les vins de cépages locaux (tempranillo, airén...) sont commercialisés dans les marchés domestiques et européens comme des vins génériques ».
Ce rapport constate notamment que « l'enjeu de la surproduction est loin d'avoir été résolu, et ce malgré les plans européens », la surface viticole ayant diminué de 100 000 hectares, tandis que les rendements ne cessaient de croître grâce à la restructuration du vignoble (également subventionnée par l'Union Européenne). Pour améliorer la compétitivité (et la stratégie) de la filière espagnole, les experts néerlandais vont jusqu'à appeler de leurs vœux la fin du modèle « fragmentaire » du vignoble espagnol : « les petits producteurs ont, pour des raisons tout à fait compréhensibles, tendance à être plus intéressés par la minimisation des risques que les investissements dans un gamme répondant aux futurs besoins des marchés ». Pour hâter la transition, les experts concluent que les critères d'attribution des nouvelles autorisations de plantation auront un rôle capital, demandant pour leur part « de privilégier les jeunes producteurs, plus professionnels ».
[Illustration : La Mancha Wines]