ropriété depuis 1992 du groupe Nestlé Waters, la Société Perrier (Vergèze, dans le Gard) entoure depuis des années sa source d'un périmètre de protection contre la pollution aux nitrates, veillant scrupuleusement à rester en deçà des limites réglementaires. A cet effet, la source Perrier créé depuis des années une « zone minérale », aujourd'hui composée de 980 hectares de terres agricoles rachetées et proposées en fermage, à la condition expresse que la production agricole mise en place soit certifiée biologique. Une stratégie environnementale qui n'a pas laissé indifférent Jean-Luc Andrieux, le directeur de la cave coopérative du Vignoble de la Voie d’Héraclès*, qui se trouve confronté aux enjeux de la pérennité du foncier viticole (problématique exacerbée par la pression immobilière et le passage de la future ligne ferroviaire à grande vitesse). Depuis deux ans il travaille au rapprochement de la cave et de la source de Vergèze, même si, jusque là, la « tendance n'était pas au mélange de l'eau et du vin » reconnaît-il.
Mais les « études de Nestlé montrent que les oliviers et la vigne répondent mieux aux problématiques des nitrates que le maraîchage ou les céréales », ce qui a abouti l'an dernier sur un appel commun à projet CASDAR de « mobilisation collective pour l'agro-écologie », la cave coopérative s'engageant à promouvoir le mode de culture alternatif, tandis que Perrier porte le volet foncier. Retenu (le budget total du projet est 210 840 euros, sa subvention s'élèvera à 68 352 €), ce projet est une « démarche collective de protection de l’environnement, des ressources en eau et de développement de l’emploi dans le bassin de Rhony, Vistre et Vidourle par la viticulture Biologique ». Mis en place pour les trois prochaines années, ce projet collaboratif en est désormais à la phase de recrutement d'un animateur territorial. A l'occasion du dernier Salon International de l'Agriculture, le ministre Stéphane Le Foll a jugé qu'il s'agissait d'une démarche préfigurant les Groupement d'Intérêt Economique et Environnemental que la loi d'avenir pour l'agriculture doit mettre en place.
Perrier produit plus d'un milliard de bouteilles pétillantes chaque année (la moitié du volume est vendue à l'export). Le Vignoble de la Voie d’Héraclès produit 65 000 hectolitres de vins, dont 68 % en bio, « ce qui en fait le premier producteur de vins bio en France » pour Jean-Luc Andrieux. Regroupant une soixantaine d'apporteurs, la cave de Vergèze représente 750 hectares (dont 230 sont issus de la « zone minérale Perrier »).
* : cette Société Coopérative Agricole est issue de trois entités vinicoles (Aigues Vives, Le Cailar et Vergèze).
[Photo : Vignoble de la Voie d’Héraclès]