vec 9,5 milliards d'euros, le secteur des vins et spiritueux est de nouveau le deuxième poste excédentaire pour la balance commerciale française, témoignant non seulement des performances à l'export du "made in France", mais aussi d'importations très limitées. L'Office Espagnol pour l'Export et l'Investissement (ICEX) juge ainsi que « l'introduction de vins étrangers n'est en rien aisée dans un pays habitué à ses cépages et indications géographiques autochtones, la plupart bénéficiant d'une qualité et d'une notoriété élevées ». Tout en dominant toutes les gammes et tous les types de vins consommés, d'après les services statistiques de FranceAgriMer, 92 % des vins consommés en France proviennent ainsi de l'Hexagone. Représentant 90 % des volumes importés en France en 2012*, les trois principaux pays fournisseurs de vins en France y expédient essentiellement du vrac, « que les grands embouteilleurs français vont conditionner pour la consommation domestique ou l'export » commente l'ICEX.
La structure d'aide à l'export conseille aux entreprises espagnoles de ne pas s'aventurer dans les linéaires de la grande distribution (qui commercialise pourtant 80 % des vins consommés en France) pour privilégier le réseau traditionnel, notamment dans le Sud-Ouest, le bassin méditerranéen et l'Ile de France. En s'associant au développement des tapas, les producteurs espagnols comptent reproduire les modèles des restaurants marocains et italiens, qui proposent essentiellement des vins originaires de ces pays. Mais pour s'implanter durablement sur un « marché de niche et d'image », il est nécessaire de proposer des vins « presque obligatoirement des vins de qualité, (re)connus et originaux » prévient l'ICEX, qui croit dans le développement de cépages identitaires et différenciants.
Si le marché français est désigné comme un marché mature à fort potentiel sur les vins moyen de gamme, l'ICEX relève deux sources d'inquiétudes : la stricte législation sur l'alcool (le Ministère de la Santé est pointé du doigt pour sa sévérité dans l'application de la loi Evin) et l'inexorable baisse consommation de vins (passée de 100 litres par an et habitant en 1960 à moins de 50 l/hab en 2013). Comme d'autres pays producteurs traditionnels, la France « perd de l'habitude de boire des vins pour accompagner ses repas ».
* : l'Espagne arrivait en tete (3,7 millions hl en 2012, pour un prix moyen de 51 euros/hl), suivie par l'Italie (0,92 million hl à 110 €/l) et le Portugal (0,6 million hl à 181 €/hl).
[Illustration : Don Quichotte et Sancho Panza par Pablo Picasso (1955)]