Œnologue-conseil formé en Australie, Nayan Gowda a vinifié au en Australie, en Nouvelle-Zélande, au Kazakhstan, en Hongrie, en Allemagne... 2013 a été son premier millésime en Languedoc.
« Je suis un peu circonspect sur les constats unanimes de qualité sur le millésime. Certes, il a bénéficié d'un début d'année exceptionnellement généreux en eau, ce qui a eu ses avantages pour le développement de la vigne. Mais la pression phytosanitaire qui en a aussi résulté a imposé beaucoup de travail au vignoble (pour limiter l'extension des foyers de pourriture) et au chai (il a fallu sévèrement trier). Néanmoins, les réussites sont indéniables pour les domaines et les caves du Languedoc qui ont consenti ces efforts.
En effet, la menace phytosanitaire était le prix à payer pour des nappes et des terres gorgées d'eau après les pluies de l'hiver et du printemps. Le développement végétatif de la vigne a pu se faire sans stress hydrique, ce qui est la marque de ce millésime en Languedoc alors même que, de la véraison aux vendanges, la fraîcheur de la météo a engendré une maturation lente et a préservé l'acidité dans les raisins.
A l'arrivée, j'ai trouvé dans les vins une fraîcheur que je ne leur trouve pas habituellement. L'équilibre entre une acidité fraîche et des tanins parfaitement mûrs est trop souvent l'exception en Languedoc car le stress hydrique laisse des traces dans le verre sous la forme de tanins durs et verts, signe de blocage des maturités. En Australie, où j'ai été formé, l'irrigation systématique en zone semi-aride est un outil de pilotage de la maturation des raisins à part entière.
En Languedoc, en 2013, du fait de toutes les caractéristiques climatiques du millésime que je viens d'évoquer, les tanins sont parfaitement mûrs et les vins en retirent une brillance remarquable. »
[Photo de Nayan Gowda : JancisRobinson.com]