Qu'importe le flacon pourvu que l'on ait l'ivresse » écrivait Alfred de Musset. L'enfant du siècle en aurait-il dit de même pour le bouchon ? Ou de son alter ego, dont le développement est annoncé depuis des années, et qui reste encore bien confidentiel : la capsule à vis. A l'occasion du Salon des Vins du Val de Loire, trois exposants témoignent ici de leurs expériences techniques et commerciales de ce conditionnement qui reste encore atypique.
Pionnier dans l'utilisation de la capsule à vis sur les vins blancs de Touraine, il y a neuf ans, Thierry Delaunay a eu le coup de foudre en dégustant un vin capsulé à vis. Son « coté pratique dans la facilité de déboucher et refermer facilement la bouteille » l'a presque plus marqué que « l'élimination du risque de bouchon » et « l'homogénéité de chaque bouteille ». Mais pour se lancer, il y a neuf ans, dans l'utilisation de la capsule à vis, sa société Joël Delaunay (30 hectares de vignes et une activité de négoce) s'est assurée du soutien de son distributeur anglais. Pour Thierry Delaunay, le marché anglais n'attendait que ça, et « désormais, je ne pose même plus la question de la capsule à vis aux anglo-saxons ». Si l'intégralité de ses vins rosés est mise sous capsule, il se garde la possibilité d'utiliser un bouchon liège pour sa gamme de sauvignon blanc (capsulée à 90 %). Cette solution de repli reste nécessaire pour le marché français, « qui n'a pas passé un cap et qui nous posait encore récemment la question technique de la fiscalisation. Nous avons opté pour une surcapsule pour la CRD. » Il a également fait le choix de capsules avec spirale apparente (fournies par Capmetal), pour ne pas « cacher son jeu, mais chercher au contraire à le montrer ».
Tout le contraire de la démarche d'Arnaud Bourgeois, qui a « d'emblée penché pour la gamme Stelvin Lux + » et sa « finition sans spirale extérieure lui permettant de siéger sur tables de la restauration ». Après le rachat en 2000 de vignes néo-zélandaises, il paraissait logique pour les domaines Henri Bourgeois de s'essayer à la capsule à vis (80 % des vins néo-zélandais seraient ainsi conditionnés). Si « des expérimentations étaient déjà en cours depuis quelque temps, c'était un bon test d'apprentissage, surtout en rouge » se rappelle Arnaud Bourgeois, qui propose désormais un conditionnement sous capsules à vis de ses vins de Sancerre et Pouilly Fumé de milieu de gamme. Pour lui, la principale limite technique de la capsule est la nécessité de « bouteilles de très grande qualité, c'est absolument indispensable pour le pas de vis ». Conquis par cette technologie « formidable », Arnaud Bourgeois regrette que son acceptabilité commerciale reste encore limitée à la Scandinavie et les pays anglo-saxons.
Un jugement que Florent Baumard ne partage pas, il estime que « les commerciaux vont au plus simple, en allant dans le sens supposé des clients, qui préféreraient les bouchons. Cela demande de la pédagogie, mais la clientèle peut entendre et comprendre les arguments pour la capsule. C'est parfois un processus long.... » Ayant fait le choix de passer il y a dix ans l'ensemble des vins tranquilles du domaine Baumard sous capsule à vis, il mise sur cette cohérence, allant du cabernet d'Anjou au Quarts-de-Chaume : « la capsule est la solution pour tous les vins, quelque soit son prix. C'est desservir le vin, et commettre une erreur de vinification, que de faire autrement ! » Il estime en effet que l'élevage en réduction des vins est un avantage tout aussi important que l'éradication des goûts de bouchon. Regrettant de ne pas avoir adopté la capsule à vis il y a vingt-cinq ans, il caresse même l'idée d'utiliser la capsule couronne pour ses crémants.
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