"Il ne faut pas que les cours évoluent en montagne russe, ça ne créé pas de valeur, ce n'est que de

Jean-Martin Dutour : « dans le Val de Loire, la viticulture ne pourrait pas supporter une troisième année difficile »

elon la terminologie ligérienne, qu'il n'apprécie guère, Jean-Martin Dutour est un ''viti-négociant''. Dirigeant les quatre domaines de la maison Baudry-Dutour à Chinon, il complète en effet ses approvisionnements par une activité de négoce. Avec cette double casquette, l'ancien président d'InterLoire est particulièrement bien placé pour suivre un marché qui se tend progressivement, notamment pour les vins rouges, mais aussi pour les vins de Vouvray ou le Cabernet d'Anjou. Après « une succession de difficultés climatiques amenant à deux années de petites récolte (gel de 2012 et problèmes de grêle/nouaison en 2013), il ne faut pas refaire comme le Muscadet en 2008 » conseille Jean-Martin Dutour. « La hausse des cours n'est pas problématique tant que ça donne une densité au marché. Le souci n'est pas la revalorisation des prix, les vignerons comme les négociants sont d'accord dessus : elle était nécessaire. Maintenant, il ne faut pas que les cours évoluent en montagne russe, ça ne créé pas de valeur, ce n'est que de la spéculation. Économiquement parlant, la viticulture ne pourrait pas supporter une troisième année difficile. Les trésoreries sont exsangues et les entreprises les plus fragiles flanchent. »

Cette ambiance économique du vignoble déteint inévitablement sur l'actuel Salon des Vins du Val de Loire, la tension conduisant souvent à la critique d'innovations jugées trop timides. Membre de la commission « communication » d'InterLoire, Jean-Martin Dutour n'est pas plus tendre, estimant que « l'interprofession doit être l'aiguillon pour obliger le salon à se remettre en cause et redevenir un événément ». Avec ce constat tranchant, il explique que les organisateurs n'ont pas fait le « choix d'une révolution. La problématique n'est pas de tout casser, mais d'amener les visiteurs à revenir ! » Parmi les évolutions du salon, l'espace de libre dégustation s'es étoffé pour sa deuxième année d'existence (accueillant 700 échantillons en 2014), qui va l'amener dehors des murs d'Angers. Cet espace deviendra en effet nomade, allant dans d'autres rendez-vous de la filière (aux salons Prowein et London Wine Fair en 2014).

 

 

[Photo : Jean-Martin Dutour lors du salon des Vins du Val de Loire, ce 3 février]