lors que la campagne de distillation touche à sa fin en Gascogne, il est déjà acquis que la production d'eaux-de-vie d'Armagnac ne répondra aux besoins du marché. Avec 14 000 hectolitres distillés (contre 18 000 l'an passé), l'objectif de 20 000 hl paraît bien éloigné. « Mais même dans le négatif on peut trouver des points positifs » tempère Sébastien Lacroix, directeur du Bureau National Interprofessionnel de l'Armagnac. Il souligne en effet que l'on aurait pu craindre une baisse de production encore plus marquée (-30 % pour les vins de Gascogne), les faibles disponibilités de vins dans l'ensemble du vignoble ont peu affecté la production d'eaux-de-vie.
Les opérateurs s'attendaient à des difficultés commerciales, à l'export notamment. Les statistiques de commercialisation, sur l'année glissante se finissant en novembre 2013, le confirment : les ventes d'Armagnac sont globalement en repli de 6 % par rapport à la période précédente. Cette dégringolade est due à l'effondrement de la consommation asiatique, notamment chinoise (suite à l'affaire des phtalates, la réduction du train de vie de la classe politique...). La Chine devrait perdre sur l'année sa place de premier marché export des armagnacs. « Mais elle ne devrait pas retomber en douzième position, la place qu'elle occupait avant qu'elle ne prenne autant de poids en 2011-2012 » précise Sébastien Lacroix. Les volumes d'armargnacs exportés pourraient diminuer de 20 %, notamment dans les qualités âgées (VSOP, XO, millésimé et hors d'âge) qui souffrent le plus. Le tableau doit cependant être nuancé par la reprise prometteuse de marchés historiques. La Russie devrait ainsi reprendre sa place de premier marché export de l'Armagnac, tandis que les Etats-Unis se développement également avec les investissements des maisons de Gascogne.
Autre source d'optimisme, le marché français semblerait se rétablir, avec une hausse surprise de 6 % de ses achats d'armagnac. Cette bonne nouvelle devrait rééquilibrer la balance domestique/export de la consommation d'armagnacs embouteillés, qui se situait en 2012 à 57-43 (contre 40-60 en 2007). Il est à noter que la consommation française se compose à 55 % d'armagnacs de qualité VS, alors que l'export demande 73 % de qualités VSOP et supérieures.
[Photo : distillation armagnacaise, BNIA]