n vigueur depuis le 4 septembre, le nouveau mode de calcul thaïlandais des droits d'accises sur les boissons alcoolisées reste une surprise épicée pour nombre d'opérateurs. En décidant de calculer les taxes selon le prix de vente en gros, le département des accises a mis en place un système qui « devrait bouleverser le marché de la bière, des vins et spiritueux » estimait dès octobre le bureau de Bangkok d'Ubifrance. Les vins moyen et haut de gamme sont particulièrement touchés par ce changement. Dès que le prix de vente en gros dépasse 600 bahts (soit 13,6 euros), une surtaxe de 36 % s'ajoute en effet au droit fixe de 225 bahts par litre (soit 5 euros/L). Déjà dissuasives par le passé, les taxes thaïlandaises s'élèveraient désormais à plus de 500 % pour les vins importés (taxes d'importation et droits d'accises compris). Les discussions en cours sur un Accord de Libre Echange entre la Thaïlande et l'Union Européenne pourraient changer la donne (l'Australie et la Nouvelle-Zélande profitent actuellement de tels accords). Actuellement, les importateurs thaïlandais révisent leurs porte-feuilles de vins pour se trouver en dessous de la barre des 600 baths.
En pleine crise politique, le royaume de Thaïlande semble plus largement instable pour les acteurs économiques qui craignent un repli des activités touristiques. Malgré les taxes et la concurrence, ce marché du vin conserve un potentiel de croissance incontestable. En volume, les importations thaïlandaises de vins ont globalement augmenté de 25 % sur les six premiers mois de 2013 (par rapport au premier semestre 2012). En valeur, les vins français affichent une impressionnante hausse de 52 % de leurs expéditions (en 2012, les vins français concentraient 35 % des 37 millions d'euros de vins importés par la Thaïlande). Un expert du marché thaïlandais estime que cette dernière tendance pourrait être lié aux livraisons des commandes en primeur de Grands Crus de Bordeaux 2010. Selon lui, « le marché thaïlandais est bien plus important que les chiffres officiels ne l’expriment ». En cas de hausse durable des droits d'accises, il faudrait désormais craindre le développement de filières parallèles d'approvisionnement, transitant clandestinement par le Cambodge, le Laos, la Malaisie...
[Photo : musée des poupées de Bangkok, Officie Thaïlandais du Tourisme]