lirtant depuis quelques années avec la barre des 300 000 hectolitres à la sortie des chais, l'appellation Cabernet d'Anjou a enfin passé le cap sur la campagne 2012-2013, avec 306 000 hl vendus (+5 % par rapport à la précédente période). Délégué Régional du Bureau des Vins d'Anjou et de Saumur, Christian Vital se réjouit de ce nouveau record, mais il est surtout satisfait qu'il soit tiré un trait sur la « situation que l'on connaissait sur les campagnes 2009-2011, où il y avait un développement des volumes plus important que la croissance de la demande », conduisant à une surproduction et à des stocks pesant sur les cours. Cette nouvelle donne est due à la petite récolte 2012, à l'origine du retour à « un équilibre entre l'offre et la demande » estime Christian Vital. « Les cours du vrac le montrent, avec une récupération des niveaux d'il y a quatre ans ».
En effet, après une campagne 2011-2012 de repli, le cours moyen du cabernet d'Anjou affiche un net redressement, à 141 €/hl pour cabernet (+18 %). Cette conjoncture fait son effet sur les stocks, qui ne pouvaient assurer que trois mois de commercialisation de Cabernet d'Anjou à la fin juillet 2013 (-20 % par rapport au 31 juillet 2012). Mais c'est l'AOC rosé d'Anjou qui affichait les plus faibles stocks : 2 mois (-50 %), soit le plus faible niveau atteint cette dernière décennie. Les rosés de Loire ont cependant connu une année plus classique, avec 127 000 hl sur la campagne (-8 %) à un cours moyen de 118 €/hl (+36 %). Les déclarations de stocks de rosés de Loire étaient également particulièrement bas (2 mois), après 58 000 hl vendus sur la campagne 2012-2013 (en moyenne à 114 €/hl).
Avec ces faibles stocks, « le marché est sain » juge globalement Christian Vital. « Et on le voit déjà avec les transactions de jus et moûts, les premières cuvées de 2013 sont attendues ! » S'il est trop tôt pour avancer des chiffres de récoltes, les situations contrastées dans le vignoble (de petits rendements de cabernet franc sont attendus à Saumur) soutiennent l'idée que ce sera toujours « un peu mieux qu'en 2012, mais pas forcément beaucoup plus. Il faut vraiment qu'il n'y ait pas d'aléas climatiques au printemps 2014, sinon la situation deviendra compliquée pour assurer la demande des marchés. » Sur le fil du rasoir entre l'offre et la demande, les rosés du val de Loire ont pour stratégie de pouvoir continuer à fournir la France (60 % des volumes de Cabernet Anjou sont vendus en Grande Distribution) et se développer à l'export (la Belgique concentre 41 % des expéditions de rosés demi-doux d'Anjou).
[Photo : le funambule Philippe Petit, René Burri (Magnum)]