Recommandé par le CIVA depuis 2006, l'indicateur subjectif de sucrosité n'est pas du goût...

Vins d'Alsace : remise en question inattendue des indicateurs de sucrosité

epuis 2006, le Conseil Interprofessionnel des Vins d'Alsace recommande à ses opérateurs d'indiquer sur la contre-étiquette des bouteilles une échelle de sucrosité, allant classiquement de 1 à 9 (de sec à doux). Adopté par le tiers des maisons alsaciennes, « ces échelles libres et subjectives permettent d'aider les vignerons à exprimer ce qui se trouve dans la bouteille » explique Richard Kannemacher (directeur marketing du CIVA). Mais cet indicateur subjectif n'est pas du goût d'opérateurs allemands, qui ont déclenché une procédure contre certaines cuvées alsaciennes, jugeant que l'indicateur n'était pas conforme au règlement européen (le texte 607/2009 encadre en effet l'usage des marqueurs de sucrosité). Saisie par son homologue allemande, la DGCCRF a conclu que les indicateurs subjectifs de sucrosité ne pouvaient pas être utilisables. Contacté par les Fraudes Françaises, Jacques Cattin (maison Joseph Cattin, Voegtlinshoffen) a immédiatement décidé de « s'en tenir à la réglementation en vigueur. Pour la suite nous étiquetterons sans échelle, les imprimeurs commencent d'ailleurs à le préconiser à l'ensemble des caves d'Alsace. »

Pris par surprise, le vignoble alsacien se trouve pour l'instant dans « un entre-deux » estime Richard Kannemacher, « si cette remise en cause se confirme, nous pourrons toujours rallier le système européen. Même s'il est peu vendeur, notamment le terme demi-sec, brouillé au niveau du consommateur. Mais il vaut mieux un outil imparfait que rien du tout. » En attendant cette clarification, le groupe de travail typicité du CIVA continue de plancher sur un système de définition globale des vins alsaciens. Raymond Lassablière (Association des Vignerons d'Alsace) estime que le travail sur la lisibilité devrait aboutir sur des propositions en 2014, les prochaines « entrevues avec les Fraudes permettront de connaître les possibilités réglementaires, et d'affiner les propositions qui seront données au Conseil d'Administration du CIVA ».

[Illustration : exemple d'une échelle, maison Joseph Cattin (Voegtlinshoffen)]