Que deviennent les anciennes parcelles de vignes après arrachage ? », telle est la question que posait l'antenne languedocienne de FranceAgriMer en ouverture au dernier salon Sitévi. Une interrogation qui est loin d'être neutre quand on sait que depuis la fin des années 1970, le potentiel de production du Languedoc-Roussillon a diminution quasiment de moitié avec 170 000 ha arrachées (le vignoble s'est stabilisé à 236 000 hectares). Chef de service adjoint de FranceAgriMer, Laurent Mayoux précise que « deux phases d'arrachage massif ont eu lieu en Languedoc-Roussillon : de 1977 à 1996, il y a eu 20 années d'arrachage progressif, puis une pause de 8 ans et une reprise en 2011 avec une vague importante ».
Avec ces arrachages massifs, les risques de déprise agricole et d'incendies a nourri les craintes locales. A l'heure du bilan de cette politique publique, FranceAgriMer a suivi, avec l'agence DYOPTA, 500 parcelles de vignes récemment arrachées (soit 47 000 hectares répartis des Pyrénées Orientales au Gard). De cette étude d'occupation des sols, il en ressort au niveau régional que la majorité des parcelles est sous végétation spontanée ou fourragère (58,6 %), que plus du quart est passé en grandes cultures (à 27,9 %), qu'une faible part s'est reconvertie à la vigne (7,6 %) et que seul 2 % a été urbanisé. Ce dernier « résultat est une surprise pour les périurbains » constate Laurent Mayoux, cette artificialisation est « surtout concentrée à proximité de Nîmes, Montpellier et Perpignan ». Plus généralement, ces conclusions « remettent en question l'idée qu'après l'arrachage c'est la friche. Les grandes culture dominent dans le cas de reprise agricole, les zones sont passées de vigne au blé dur, c'est un relai vers d'autres activités ».
Les résultats sont cependant loin d'être uniformes géographiquement (voir illustration). Des disparités départementales apparaissent sur un fort gradient ouest/est, avec les grandes cultures concentrées dans le Gard (57 % surfaces), les végétations spontanées et fourragères se trouvant plutôt vers les Pyrénées Orientales (83 %). Comme on pouvait s'y attendre, ces tendances sont corrélées à un parcellaire plus morcelé et enclavé, ainsi qu'un potentiel agronomique moindre.
D'après les estimations, plus d'un milliard d'euros ont été investi pour les mesures d'arrachage (et autant pour la restructuration, qui a aussi concerné 170 000 hectares). Ces budgets importants ont été débloqué pour soutenir une « politique européenne volontariste », dans le « contexte de l'arrachage primé définitif dans une situation d'excédent structurel » rappelle Laurent Mayoux. Qui estime que les objectifs ont été atteints, « avec une réduction en quantité et en surface de quasiment 50 %, qui a permis d'atteindre un équilibre global malgré des fluctuations interannuelles, tout en restructurant pour que les restants conservent leur optimisme ».
[Photo : gradients est-ouest entre grandes cultures et friches pour les 500 parcelles suivies (FranceAgriMer)]