Patience est mère de sûreté », telle est la position de l'Institut National de Recherche Agronomique par rapport aux variétés résistantes au mildiou à l'oïdium. Alors que le vignoble français s'impatiente (et que certains producteurs n'ont pas la vertu des femmes de marins, s'approvisionnant dans le cadre de vignes expérimentales en Suisse, Allemagne, Italie...), la publication d'un article vantant la solidité génétique de ce matériel végétal tombe à pic pour étayer ce mantra de l'INRA. Rédigée par Angela Feechan et Claire Anderson (Commonwealth Scientific and Industrial Research Organisation, Australie) ainsi que Laurent Torregrosa (Montpellier SupAgro), ces résultats de recherche établissent la position et la fonction de deux gènes, présents sur un même locus du chromosome 12 de la variété américaine Muscadinia rotundifolia : Mr-run1 et Mr-rpv1. Grâce à ce « clonage positionnel et la validation fonctionnelle des gènes », il apparaît qu'ils sont capable à eux seuls de conférer une résistance au mildiou et à l'oïdium à des cépages sensibles (les essais ont notamment utilisé carignan, chardonnay, syrah...). Le doute n'est plus possible pour l'Institut des Hautes Etudes de la Vigne et du Vin (Montpellier) : ce sont les « gènes Mr-run1 et Mr-rpv1 qui confèrent la résistance totale à l'oïdium et au mildiou chez la vigne ».
Similaires à 86 % dans leur séquence d'acides aminés, ces gènes sont surtout la clé de voûte du programme français d'obtention de variétés génétiques. Parue dans le Plant Journal de ce mois, ces résultats de recherche permettent ainsi à l'INRA de démontrer la solidité de ces variétés résistantes à venir. Privilégiant la mise sur le marché des cépages à résistance polygénique (programme ResDur), l'INRA ne devrait pas commercialiser ses premiers plants avant 2016 (pour en savoir plus sur la position de l'INRA, cliquer ici).
[Illustration : modélisation d'un fragment d'ADN de vigne]