Quand deux caves fusionnent, c'est généralement parce qu'il y a une nécessité. A Saint-Emilion, aucune des trois caves n'est malade ! » précise d'emblée Alain Naulet, directeur de l'Union De Producteurs de Saint-Emilion (UDPSE). Egalement vice-président du Conseil des Vins de Saint-Emilion, il y a puisé la volonté de rapprochement des AOC du Libournais pour devenir la cheville ouvrière du projet de fusion de l'UDPSE avec la Cave coopérative de Montagne Saint-Emilion et des Vignerons de Puisseguin Lussac Saint-Emilion. Si aucune de ces trois caves n'a de difficulté financière, chacune a ses propres raisons pour se renforcer. Pour la cave de Montagne il s'agit d'atteindre une taille critique (elle regroupe aujourd'hui 65 hectares), pour la cave de Puisseguin il s'agit d'étoffer son porte-feuille en vins de Saint-Emilion (40 % de ses 1 200 hectares sont en AOC Bordeaux et Côtes). Pour l'UDPSE, il s'agit de surmonter « le handicap coopératif qu'est le prix du foncier. Avec le vieillissement de la population de nos adhérents et les successions difficiles, la coopération a du mal à s'aligner sur les prix d'une région aussi prisée » commente Alain Naulet. En 10 ans, l'UDPSE aurait ainsi perdu 100 hectares.
En décembre 2014, les adhérents des trois caves voteront en Assemblée Générale Extraordinaire pour ou contre ces fusions. A l'heure actuelle, les présidents et conseils d'administration de chaque cave ont donné leur accord, et le projet est aujourd'hui en phase de rapprochement. Il reste encore une « panoplie de points à analyser : juridico-statutaires, financiers, sociaux... » commente Alain Naulet. Par exemple rien n'a encore été arrêté sur l'aspect commercial, « l'UDPSE a un service intégré qui commercialise 5 millions de cols par an, Puisseguin passe par Producta ». Au final, une seule entité juridique réunira les trois caves coopératives actuelles, devenant le seul outil coopératif de Saint-Emilion et ses satellites (les Vignerons de Puisseguin Lussac ayant absorbé les caves coopératives de Castillon et de Francs). Si l'entité a un potentiel de 2 000 hectares pour 100 000 hectolitres (soit 13 millions de cols), en 2013 sa production serait bien inférieure. L''UDPSE prévoyant une réduction de 30 % de sa production, « c'est une mauvaise année en terme de quantité. Mais s'ils n'auront n'a pas les tannins de 2010, les vins seront corrects » juge Alain Naulet.
[Photo d'Alain Naulet : UDPSE]