epuis le Grenelle Environnement, le concept de développement durable s'est popularisé à vitesse grand V dans le vignoble français. Cette dynamique ne faiblit pas cette rentrée, avec un nombre croissant d'actions collectives s'appropriant les démarches durables*. Cet été, les fédérations des Vignerons Indépendants Champagne et des Pays de la Loire ont ainsi passé des conventions avec leurs Chambres d'Agriculture respectives pour aider leurs membres à mieux maîtriser la Certification Environnementale des Exploitations. Officiellement mise en place en 2011, cette certification présente trois niveaux, le premier étant constitué de pré-requis, le plus élevé étant la Haute Valeur Environnementale (qui regroupe 65 exploitations actuellement). Le Syndicat des Vignerons Indépendants de France estime clairement que cette certification a « pour but de valoriser les exploitations agri coles qui ont entamé une démarche de développement durable et qui souhaitent à terme, communiquer en ce sens vers le consommateur ».
Les enjeux de communication et, à terme, de valorisation sont inhérents aux démarches de viticulture durable. La protection de l'environnement n'y est qu'un pilier constitutif d'une exploitation, les deux autres étant la viabilité économique et l'insertion sociale. Développée par le groupe ICV depuis 2007, la marque collective Vignerons en Développement Durable mise même sa communication sur le « commerce équitable nord/nord, permettrant de faire vivre de petites exploitations, de préserver les emploi et l'activité économique en milieu rural ». Cette charte regroupe désormais 12 sociétés adhérentes (les Vignerons de Terre Secrétes de Bourgogne venant de finaliser leur conversion). Plus ancienne, l'initiative Terra Vitis (fondée en 1998) met sa charte au goût du développement durable. Un cadre réglementaire qui se démocratise et des initiatives privées plus pointues dessinent le vignoble durable français.
Cette configuration ecclectique est typiquement hexagonale d'après l'étude que Isabelle Pierrot et Joël Richard (pôle développement durable de l'Institut Français de la Vigne et du Vin) présentaient au dernier Congrès de l'OIV. D'après leur étude comparée des stratégies de développement durable dans le monde, les différences d'approche sont particulièrement criantes entre les pays du nouveau et de l'ancien monde viticole : pilotage par des ONG en Afrique du Sud (SWSA), par les professionnels en Californie et en Argentine, par le label privé Vitiswiss en Suisse... Selon les chercheurs, « les pays anglo-saxons notamment, associent une dynamique de communication, par le biais de sites Internet et d’outils adaptés », ce qui fait que « les vins du Nouveau Monde s’imposent sur le marché, grâce non seulement à leur compétitivité » (régularité de la production, faibles coûts de main d'oeuvre...), « mais aussi en ayant su s’adapter rapidement aux problèmes environnementaux ».
* : jugé clivant, le terme de développement durable a été remplacé par le concept d'agro-écologie au Ministère de l'Agriculture. Décernés ce 5 septembre, les trophées du Développement Durable félicitaient surtout des démarches agro-écologiques.
[Illustration : Terra Vitis]