Produit fongicide de contact, le cuivre n'a pas d'alternative (homologuée) en viticulture biologique

Viticulture bio : pour réduire les doses, le raisonnement du premier traitement de cuivre est capital

e voulant intégrée dans l'écosystème, la viticulture biologique est souvent définie par ses partisans comme étant plus respectueuse de l'environnement que la viticulture conventionnelle. Les opposants à cette alternative jugent au contraire que la viticulture bio est néfaste pour l'environnement, à cause de son usage important de cuivre. Cette question menant à de virulents débats, et l'argument étant repris périodiquement par l'Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments, le travail de synthèse bibliographique de Gaëlle Berriau (Chambre Régionale d’Agriculture des Pays de la Loire) permet de faire le point sur l'enjeu pratique de la réduction des doses de cuivre à l'hectare.

Produit fongicide de contact, le cuivre n'a pas d'alternative (homologuée) en viticulture biologique. Afin d'optimiser la lutte contre le mildiou ou le blackrot tout le long du cycle végétatif, le positionnement du premier traitement est capital. « Il ne doit être fait ni trop tôt ni trop tard » explique Gaëlle Berriau, qui reconnaît que « c’est le positionnement le plus difficile à décider » car « il ne doit pas être lié au stade de la vigne, mais au risque de contamination ». Si le traitement est trop précoce (avant maturité des oospores) ou trop tardif (après le début des contaminations), il n'aura en effet servi à rien. La question du rythme de renouvellement des traitements et de leur dose est plus difficile à trancher, dépendant de la pluviométrie, du développement végétatif, de la parcelle (notamment sa vigueur) et évidemment de la pression sanitaire. Gaëlle Berriau précise cependant « qu'il est plus efficace d’effectuer de faibles doses de cuivre renouvelées régulièrement que des doses plus importantes, mais plus espacées ».

Depuis 2008, un règlement européen limite à 6 kilos de cuivre métal, par hectare et par année, la quantité de cuivre autorisée en viticulture biologique. L'AFSSA propose de réduire la dose de cuivre autorisée à 4 kg/ha/an. Se basant sur des essais au champ, l'Institut Technique de l'Agriculture Biologique estime que cette limitation n'est pas « compatible » avec les besoins de protection viticole (notamment avec la pluviométrie et l'action de lessivage). Gaëlle Berriau précise cependant que « l’Allemagne et la Suisse ont généralisé cette limitation de 4kg/ha/an pour tous les modes de production ». La question de la toxicité du cuivre apporté par l'activité viticole fait également débat. L'ITAB souligne que « malgré l’usage du cuivre, les vergers biologiques présentent une biodiversité (quantité et diversité d’espèces) supérieure à celle des systèmes conventionnels en protection intégrée ».

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[Illustration : Bouillie Bordelaise, Kimleigh Chemicals]