Les événements climatiques extrêmes, comme les vagues de chaleur bloquant l'activité photosynthétique et les orages de grêle ruinant la récolte annuelle d'un château en quelques minutes, vont devenir de plus en plus communs » prédit le professeur Antonio Busalacchi (Université de Maryland) au terme de ses études sur les effets du changement climatique sur le vignoble mondial. On serait d'autant plus prêté à croire cette Cassandre que de nouveaux orages viennent de toucher le vignoble alsacien. Suite à la grêle de ce 6 août, les dégâts constatés ne sont heureusement conséquents que sur des zones très localisées selon le Conseil Interprofessionnel des Vins d'Alsace (Wintzenheim, Logelbach et Turckeim). Contrairement aux épisodes de grêle ayant ravagé des pans entiers des vignobles de Vouvray, de la Côte de Beaune, de l'Entre-deux-Mers, d'une partie de la Champagne...
Plus généralement, Antonio Busalacchi estime que « le changement climatique va faire des gagnants et des perdants dans les vignobles du monde. Nul vin ne sera épargné par des évolutions de ses teneurs en alcool, acides, sucres, tannins... » Les expressions traditionnelles d'un terroir seraient ainsi condamnées par un changement climatique inexorable. Le chercheur ajoute que seule une vision à long terme permettra de maintenir certains types de vins, en planifiant la délocalisation de leur production. Pour illustrer son propos, il annonce que plusieurs maisons de Champagne cherchent des terrains dans les campagnes du Sussex et du Kent pour y installer leurs futurs vignobles.
Cette idée d'investissements Champenois dans le sud de l'Angleterre « est un véritable mythe » pour Jean-Marie Barillère, qui est cependant « certain que l'on vit actuellement un changement climatique, qui ne change pour l'instant pas grand chose », mais « demandera demain aux vignerons d'adapter leurs pratiques » (cliquer ici pour lire l'intégralité de l'interview du président de l'Union des Maisons de Champagne). Ce bouleversement des pratiques pourrait passer par de nouveaux cépages, de nouvelles conduites du vignoble... Au sein des AOC françaises, la réflexion sur la flexibilisation de l'irrigation semble désormais ouverte (pour en savoir plus, cliquer ici).
[Photo d'Antonio Busalacchi : American Association for the Advancement of Science]