our la première fois depuis 20 ans, les cours de l’AOC Crozes-Hermitage marquent une pause dans leur progression. Jusqu’à présent, l’appellation avait connu une hausse très linéaire de 3 à 3,5 % par an, progressant de 280 € à 375 € en 10 ans. Cette année, avec un cours de 377 € en rouge et 374 € en blanc, la hausse est plus modérée. Une tendance qui n’a rien d’inquiétant, selon le président de l’appellation Pierre Combat. «Cela nous renforce dans notre stratégie d’extension contrôlée du vignoble. Nous plantons chaque année 15 à 20 ha de vignes nouvelles ce qui correspond à une progression de 1 à 1,5% par an. Cette rigueur est essentielle pour éviter des cours en dents de scie. La pause que nous observons cette année n’a rien d’alarmant, d’autant que 56% des volumes de l’appellation sont commercialisés en bouteille ».
Un constat que partage Dominique Toyon d’Inter Rhône. « Crozes-Hermitage est une appellation bien positionnée en prix. Elle est la porte d’accès aux crus septentrionaux, grâce à son bon rapport qualité/prix. Cette pause conjoncturelle n’a rien d’inquiétant car la demande reste forte pour cette appellation ». Le vignoble de l’appellation s’étend sur près de 1700 ha dont 500 ha en coteaux. La production atteint 65 à 68 000 hl par an dont seulement 6 à 7000 hl de blanc. Mais cette proportion pourrait progresser dans les prochaines années sous l’accroissement de la demande. « Autrefois, une partie de nos blancs étaient assemblés avec nos rouges comme le cahier de l’appellation l’autorise. Les revendications atteignaient tout juste 4500 hl il y a 10 ans. Aujourd’hui, il y a une forte demande pour cette couleur. La production ne suffit pas pour répondre à la demande », soutient Jean-Michel Borja, vice-président de l’ODG.
Autre tendance marquante de ces dernières années, la progression des achats en raisins, qui représentent désormais 10 à 12 000 hl par an soit 15% du volume de l’appellation. « Avec un prix du raisin de 2,8 à 3,5 €/kg et un paiement dans les 6 mois, l’offre est tentante pour les coopérateurs en fin de période d’engagement. C’est une concurrence nouvelle qui nous préoccupe », reconnaît Jean-Michel Borja, par ailleurs président de la coopérative de Clairmont. Autre inquiétude de la production : le prix du foncier qui limite les installations ou les extensions. L’hectare de vigne se négocie entre 100 et 130 000 €. L’ODG travaille en étroite relation avec la Safer pour mettre en place des GFA, une solution qui permet au producteur de ne pas assurer seul la charge du foncier.
[Photo : vignerons de Crozes, Michèle Trévoux (Vitisphere)]